Amnesty International vient de publier son rapport 2014/2015 sur la situation des droits de l'Homme dans le monde. Le document dresse un tableau sombre de la situation au Maroc et pointe encore du doigt la pratique de la torture, les restrictions de liberté, les expulsions illégales de migrants ou encore le maintien de la peine de mort. Aperçu. Nouveau rapport d'Amnesty International sur la situation des droits de l'Homme dans le monde. L'organisme international vient de rendre public ce mercredi son rapport 2014/2015 sur la situation des droits humains. Et encore une fois, le Maroc est épinglé par A.I qui dénonce plusieurs pratiques contraires au respect des droits humains dans le royaume. Tortures L'organisation souligne ainsi que de nouveaux cas de torture et de mauvais traitements, infligés le plus souvent immédiatement après l'arrestation, ont été signalés. Si des examens médicaux ont été ordonnés dans certains cas, les autorités n'ont généralement mené aucune enquête, affirme l'ONG. Amnesty salue toutefois la décision du ministère de la Justice en mai 2014 d'ordonner des examens médicolégaux ainsi qu'une enquête en cas d'allégations de torture ou de mauvais traitements infligés en détention, faisant ainsi référence au cas Ali Aarrass et à la décision d'un tribunal d'Agadir d'annuler les aveux d'un accusé obtenus sous la torture. En outre, A.I dénonce les procès inéquitables qui se déroulent dans les tribunaux marocains. Elle cite le procès de trois militants de la mine d'Imider condamnés à trois ans de prison en plus d'une amende après des procès verbaux qu'ils n'ont même pas lus. L'organisme regrette aussi l'emprisonnement de Mbarek Daoudi, un ancien soldat de l'armée marocaine et militant sahraoui inculpé pour détention de munitions sans permis et tentative de fabrication d'armes. Des libertés toujours restreintes Sur le plan de la liberté d'expression, de réunion et d'association, A.I fait également un constat loin d'être reluisant pour le royaume. Les cas des journalistes Ali Anouzla et Hamid El Mahdaoui (condamné pour diffamation et injure publique), des militants de l'AMDH, Wafa Charaf et Oussama Housne, ou encore du rappeur Othman Atiq (Mr Crazy) montrent un recul des libertés au Maroc selon l'organisation. A.I rappelle en outre que plusieurs activités d'organisations de défense de droits de l'homme ont été interdites en 2014, malgré une décision d'un tribunal administratif concluant à l'illégalité de l'interdiction d'un événement organisé à Rabat en septembre par l'AMDH. L'organisation fait ainsi référence à l'arrestation de neuf personnes en avril 2014 à Rabat lors d'une manifestions de diplômés chômeurs et celle de onze membres du Mouvement du 20 février le même mois lors d'un sit-in à Casablanca. Peine de mort, immigration et homosexualité Sur un autre volet, elle déplore la peine de mort que prononcent encore les tribunaux marocains même si le pays a mis un moratoire sur les exécutions. A.I souligne en effet que neuf prisonniers au moins ont été condamnés à mort et qu'aucun condamné à mort n'a vu sa sentence commuée en peine d'emprisonnement. S'agissant de l'immigration irrégulière, A.I fustige la collaboration des autorités marocaines pour l'expulsion illégale des migrants, qui entrent irrégulièrement en Espagne, vers le Maroc. Elle dénonce l'utilisation de la force par la police marocaine contre les migrants et condamne la réadmission au Maroc d'une partie de ces migrants, dont certains étaient de potentiels demandeurs d'asile. Par ailleurs, Amnesty International s'inquiète des décisions judicaires contre les homosexuels. Elle rappelle qu'en en mai, septembre et décembre, des tribunaux à Fqih ben Salah, Marrakech et Al Hoceima ont déclaré huit hommes coupables de relations homosexuelles et les ont condamnés à des peines allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement. Rapport 2014/2015 d'Amnesty International en chiffres Amélioration en matière de droits des femmes et des filles Le seul point positif que l'on peut noter dans ce rapport au sujet du Maroc reste l'amélioration du statut de la femme. A.I salue la modification de l'article 475 du code pénal qui permettrait au violeur d'échapper à la prison en épousant sa victime. L'association revient également sur le projet de loi sur la violence contre les femmes et les enfants toujours examiné par une commission d'experts. L'organisme déplore toutefois le fait que les relations sexuelles consenties en dehors du mariage soient toujours considérées comme un crime.