Oussama Housne et Wafaâ Charaf sont toujours derrière les barreaux et Amnesty International réitère sa demande de libération. L'ONG estime que l'attitude du Maroc à l'endroit de ces deux citoyens «remet en cause la réalité de la détermination» des autorités chérifiennes à mettre un terme à la torture. «Nous réclamons la libération immédiate d'Oussama Housne et Wafaâ Charaf», indique Amnesty International dans un communiqué fraichement publié. Pour mémoire, le jeune homme a été condamné à trois ans de prison et une amende de 100 000 dirhams à verser à la police marocaine, le 23 juillet dernier, pour dénonciation calomnieuse et pour avoir fourni un faux témoignage faisant état de torture. Il purge depuis sa peine. Son arrestation était intervenu après qu'il ait déposé plainte contre X, dans laquelle il affirmait avoir été enlevé et violenté par des inconnus le 2 mai 2014, alors qu'il quittait une manifestation organisée en solidarité avec des activistes du Mouvement 20 février emprisonnés. L'enquête ouverte par les autorités s'était soldée par son arrestation puis son inculpation. Wafaâ Charaf, arrêtée pour avoir porté plainte pour des actes de torture dont elle aurait été victime suite à sa participation à une manifestation des travailleurs à Tanger, a vu sa peine s'alourdir à deux en appel en octobre dernier. Doutes sur «la réalité de la détermination du Maroc à éradiquer la torture» C'est la énième fois qu'Amesty international réclame leur libération, estimant que «les plaintes de torture, même erronées ou exagérées, ne devraient pas être criminalisées» et que «personne ne devrait être emprisonné pour avoir signalé des actes de torture». L'ONG ne cesse de dénoncer la méthode des autorités consistant à sanctionner pour «faire taire les victimes de torture». Elle a toujours estimé que cela renforçait la culture de l'impunité au Maroc. Aujourd'hui, l'Organisation affirme sans détours que la démarche des autorités marocaines à l'encontre Oussama Housne et Wafaâ Charaf «constitue des précédents graves et remet en cause la réalité de la détermination des autorités marocaines à éradiquer la torture et les mauvais traitements». Le procès en appel d'Oussama Housne devait avoir lieu aujourd'hui, mardi 17 février, mais il a finalement été «reporté au 3 mars prochain», indique à Yabiladi Ahmed El Haij, président de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH). C'est une mauvaise nouvelle pour les militants des droits de l'Homme qui ne cachent pas leur déception. «Depuis, rien n'avance sur ce dossier, rien du tout», lance M. El Haij. Le dossier de Wafaâ Charaf est en cassation et l'AMDH espère que l'issue sera favorable. Ahmed El Haij, son équipe ainsi que tous les militants des droits de l'Homme au Maroc «attendent beaucoup de la pression des organisations internationales» comme Amnesty International ou encore Human Rights Watch qui a également condamné le traitement réservé à deux jeunes militants marocains ainsi que tous les autres qui croupissent actuellement en prison.