Voilà un verdict qui restera dans les annales de la justice marocaine. Un membre du Mouvement 20 février est condamné à trois ans de prison pour «allégation mensongère de torture». A Tanger, une autre militante du M20F est placée, depuis le 9 juillet, en détention préventive pour les mêmes délits. Son procès a été ajourné au 4 août. La justice a prononcé, hier après-midi, un lourd verdict contre un membre du Mouvement 20 février. Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné, Oussama Hassni, à trois ans de prison ferme et à une amende de 100 mille dh pour «allégation mensongères de torture» et «dénonciation d'un crime que le plaignant sait qu'il ne s'est pas produit». 1er verdict après la décision de Ramid de sévir contre les auteurs d'allégations de torture Force est de constater que cette affaire n'a pas trainé longtemps dans les méandres du système judiciaire marocain. Il s'agit d'une exception. Le mis en cause a été interpelé, le 1er juin, sur ordre du procureur du roi près de la même cour et, immédiatement placé en détention préventive. Le 23 juillet, la sentence est donc tombée. Une condamnation qui ne devrait guère contribuer à redorer le blason du Maroc auprès des organisations internationales des droits de l'Homme, justement très critiques avec le royaume sur cette question. Il s'agit du premier verdict qui fait suite à la décision prise par le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, dans le sillage du rapport d'Amnesty international du 13 mai dernier, de sévir contre les auteurs d'allégations de torture. Cette sentence ne laisse guère de place au doute sur la ferme volonté des autorités de mettre un terme à la prolifération de ce genre d'allégations, souvent diffusées sur les réseaux sociaux. En revanche, le gouvernement ne montre pas le même zèle avec les présumés auteurs de tortures parmi les agents des différents corps de l'Etat. A Tanger, Wafaâ Charaf prochaine sur la liste ? Outre le cas de Oussama Hassani, une autre militante du Mouvement 20 février se trouve dans le viseurs des autorités judiciaires. A Tanger Wafaâ Charaf, également en détention préventive depuis le 9 juillet, est poursuivie pour les mêmes accusations. Son procès, initié le 14 juillet, a été reporté au 4 août. Sauf coup de théâtre, Wafaâ devrait écoper d'une peine d'emprisonnement identique à celle de Oussama. Néanmoins, la seule différence entre les deux cas réside dans le niveau de solidarité avec chacun des deux détenus, plutôt faible avec Hassani, contre une bonne mobilisation pour Charaf. La tangéroise bénéficie du soutien de plusieurs ONG espagnoles et du large réseau de l'AMDH et du parti d'extrême gauche, la Voie démocratique, en Europe.