Le 13 mai, un rapport d'Amnesty a épinglé le gouvernement sur la poursuite du recours à la torture. Le 18 juin, un document de l'AMDH sur la situation des droits de l'Homme accuse l'exécutif de maquiller les arrestations politiques en infractions de droit commun. L'ONG marocaine a enregistré, durant l'année dernière et les premiers mois de 2014, 317 cas de détentions politiques. L'AMDH vient de présenter, aujourd'hui à Rabat, son nouveau rapport sur la situation des droits de l'Homme au Maroc. Un document qui s'inscrit complétement en faux avec le discours officiel véhiculé par le gouvernement Benkirane. L'ONG dénonce la poursuite du recours aux détentions d'opposants politiques, notamment au sein des membres du Mouvement du 20 février, les adeptes de la Salafia jihadia et les Sahraouis qui soutiennent les thèses du Polisario. 317 détenus politiques au Maroc Pour l'association présidée par Ahmed El Haïj, ces arrestations sont souvent justifiées, officiellement, par des infractions de droit commun, tel le trafic de drogue, l'entrave à la circulation dans la voie publique ou l'atteinte à un corps constitué. Et c'est sur la base de ces accusations qu'ils sont poursuivis et ensuite condamnés par la justice à des peines d'emprisonnement. Durant 2013 et les six premiers mois de 2014, l'AMDH a recensé 317 cas de détentions politiques, bien que la majorité ait été libérée au cours de la même année. L'ONG a également signalé la poursuite des disparitions forcées, toutefois sans apporter de preuves corroborant sa version. Dans son rapport de l'année dernière, l'AMDH avait enregistré trois cas d'enlèvements. L'ONG est revenue dessus en rappelant que les familles de plusieurs opposants disparus durant les années 60, 70, 80 et 90, attendent toujours de connaitre le sort et les tombes de leurs proches. La torture, l'AMDH sur la même longueur d'onde qu'Amnesty La torture a constitué un moment phare de la présentation du rapport de l'AMDH sur les droits au Maroc. Fidèle à sa position, l'association a critiqué l'approche du tout sécuritaire adoptée par le gouvernement sur cette question. L'ONG a relevé qu'auparavant, il refusait d'ouvrir des enquête sur les allégations de torture exprimées par certains détenus. Maintenant après le forcing d'ONG nationales et internationales, notamment après la publication du rapport d'Amnesty, l'exécutif a changé de tactique mais sans changer pour autant de position. Selon l'AMDH, le gouvernement mène, depuis le 13 mai, une campagne de pression visant les détenus pour qu'ils retirent leurs plaintes contre des agents d'autorité, auteurs des tortures. Le cabinet Benkirane, par le biais de son ministre à la Justice, Mustapha Ramid, a menacé les auteurs de «plaintes mensongères» de torture de poursuites judiciaires. Une menace mise, d'ailleurs, à exécution avec la poursuite en justice du jeune Oussama Hassan, actuellement en détention. Un cas qui n'est pas isolé puisque à Tanger, un homme appartenant au PADS et une femme issue des rangs d'Annahj Addimocrati, pourraient subir le même sort.