Au Maroc, la commémoration du 64ème anniversaire de la journée mondiale des droits de l'Homme intervient alors que des informations, parvenus du village d'Anafgou, font état du décès de quatre enfants à cause du froid. Yabiladi.com donne la parole à trois associations. «En 2013, il nous faut agir et nous engager plus encore pour que tous les êtres humains jouissent de leur dignité et de leur liberté.» C'est le souhait du secrétaire général d'Amnesty international, Salil Shetty. C'est dire que le respect des droits de l'Homme, tels qu'ils sont universellement connus, ne s'est pas beaucoup amélioré en 2012. Une année qu'Amnesty International qualifie, de «mitigée». «Des millions de personnes de par le monde ont réussi à faire changer les choses malgré les obstacles qui se présentaient à elles», constate Salil dans une déclaration de presse. Mais «des crimes tels que la torture, les disparitions et les violences contre les femmes continuent d'être monnaie courante dans certains endroits du monde, tandis qu'ailleurs des progrès voient le jour.» A l'occasion de la commémoration du 64ème anniversaire de la journée mondiale des droits de l'Homme, Amnesty a recensé les principaux événements cette année, une liste qui «ne prétend aucunement à l'exhaustivité mais entend donner un aperçu des tendances et des événements en matière de droits humains intervenus dans le monde», avertit Amnesty International. Le Maroc n'y a pas droit de cité. Au Maroc, les avis divergent «Indéniablement, il y a un recul des droits de l'Homme durant cette année, preuve en est le nombre de détentions dans les rangs de manifestants qui dépassent celles effectuées deux années auparavant. Il est clair que l'Etat a opté pour la prudence en 2011 au moment de l'émergence du Mouvement du 20 février et une fois qu'elle senti que le M20F montrait des signes d'essoufflements, les arrestations ont repris de plus belle», note Ali Fakir, membre de l'AMDH et du parti d'extrême gauche, Annahj Addimocrati (la Voie démocratique). Une lecture contre laquelle l'universitaire Mustapha Merizek s'inscrit en faux. Pour ce membre de l'OMDH «2012 a connu une nette amélioration des droits de l'Homme au Maroc. Une année au cours de laquelle la société civile s'est mobilisée pour la défense des droits de l'Homme. Ne nous sommes plus au stade de la première génération, celle du droit à l'expression, mais actuellement nous défendons les droits économiques et culturels. En dépit de ces avancées, il est lieu de noter que le verre n'est pas encore plein, des dérapages sont survenus. Certes, des arrestations passagères se sont produites dans plusieurs villes du royaume mais sans commune mesure avec celles des années de plomb.» Et d'ajouter que " ces propos ne signifient pas que le tableau est rose, des points noirs existent dans les prisons, comme l'a relevé, d'ailleurs, un rapport du CNDH, la montée de la corruption et le gouvernement Benkirane qui nous a déçus. Une déception que nous souhaitons passagère et il est impératif de commencer à libérer immédiatement tous les détenus d'opinion.» Même son de cloche du côté du CMDH (centre marocain des droits de l'Homme) proche du PJD. Dans des déclarations à notre site, Mustapha Mouchtari, avance qu'il «serait prématuré et même précipité de juger le gouvernement au cours de cette année.» Sur des airs de Benkirane, il relève que «2012 a marqué la fin de l'étape du contrôle et le début d'une nouvelle ère à laquelle nous souhaitons bonne continuation». Aux accusations de la montée en nombre des interventions brutales des forces de l'ordre contre les mouvements de protestation, Mouchtari note une certaine «amélioration» de l'approche sécuritaire par rapport aux autres années.» Par ailleurs, Merizek de l'OMDH et Mouchtari du CMDH sont d'accord sur l'urgence de l'application de la constitution du 1er juillet 2011 en adoptant le plus tôt possible, les lois organiques à même de garantit la pleine exercice et la protection des droits de l'Homme au Maroc de toutes les dérives. Les oubliés des bilans de la presse et des ONG «Souvent, il est reproché à la presse qu'elle accorde plus d'intérêt aux détenus politiques et d'opinions.» C'est le constat d'Ali Fakir de l'AMDH. «Actuellement, il y a environ 29 personnes derrière les barreaux à Khouribga et un nombre aussi important à Larache. Des cas qui ne sont pas isolés. Ces gens-là, n'ont pas des revendications politiques mais demandent, tout simplement, des droits les plus élémentaires : un habitat digne, l'accès à l'eau et l'électricité, la route ou encore la construction d'un pont afin de les prémunir de l'enclavement qui les menace à chaque fois que la rivière déborde. Ce qui vient de passer, une nouvelle fois, à Anafgou (décès de quatre enfants à cause du froid) en est, malheureusement, l'exemple.»