Les résultats du rapport 2012 d'Amnesty International ont été rendus publics hier par la branche marocaine de l'ONG engagée dans la défense des droits humains. Une année 2011 où ces droits ont été défendus dans les rues du monde, de Phnom Penh à New York, en passant par le Caire et Rabat. Lors de la conférence de presse donnée hier à Rabat. Au centre, Mohamed Sektaoui, directeur d'Amnesty Maroc. « L'année 2011 aura été une année de changement, de courage et de conflit, une année qui aura vu les citoyens se dresser contre les gouvernements et les puissants de ce monde dans une mobilisation d'une ampleur inégalée depuis des décennies ». Ces mots prononcés par la secrétaire générale d'Amnesty International, Salil Shetty, résument très justement l'année que vient de traverser le monde. Une année de manifestations et de révolutions, qui a débuté en Afrique du Nord avant de se propager dans le monde entier. Une année où la rue fut érigée comme lieu de revendications des droits humains. La prise du pouvoir par la rue constitue d'ailleurs la base du rapport annuel d'Amnesty International, dont les résultats ont été dévoilés hier à Rabat par Amnesty Maroc. Sur les 155 pays cités dans le rapport figure le Maroc, pays où les manifestations ont concrètement démarré un certain 20 février… La carotte et la matraque Face aux manifestants qui sont descendus scander leurs désirs de changement, les forces de sécurité ont fait usage d'une force qualifiée d'« excessive » par le rapport d'Amnesty. Une force qui s'est abattue aussi bien sur des détracteurs de la monarchie, des journalistes, que des Sahraouis partisans de l'indépendance du Sahara. Pourtant, les manifestations organisées dans les rues marocaines, et qui appelaient à des réformes, étaient autorisées et pacifiques. Le rapport revient sur des cas où la violence perpétrée par les forces de sécurité à l'encontre de manifestation du Mouvement du 20 février a été particulièrement vive. Parmi elles, Amnesty évoque la date du 15 mai, où des manifestants ont été « frappés à coups de poing, de pied et à coups de matraque » à Rabat, FèsTanger et Témara, ou encore le 29 mai où le même scénario s'est reproduit à Safi. Il est également fait référence à la prise d'assaut des bureaux de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Bou-Arfa, en novembre dernier. La DST anti-M20F La torture n'a par ailleurs pas été éradiquée, comme souhaité et promis, puisqu'Amnesty revient sur des actes de torture et de mauvais traitements perpétrés par des agents de la DST (Direction de la surveillance du territoire). « Les militants islamistes présumés et les membres du mouvement du 20 février étaient tout particulièrement pris pour cible », souligne l'ONG. Le rapport cite toutefois une avancée en termes de respect des droits humains au Maroc, en particulier grâce à la nouvelle constitution. A l'écrit, la réforme constitutionnelle est saluée par les défenseurs des droits de l'Homme. Amnesty évoque notamment « la garantie de la liberté d'expression, l'égalité entre hommes et femmes, et particulièrement le fait d'ériger en infraction pénale aussi bien la torture, la détention arbitraire, que la disparition forcée ». Amnesty se félicite également de la levée, en avril dernier, des réserves à la convention sur l'élimination de toutes les formes de violence (CEDAW). L'un des points sombres demeure cependant la peine de mort, dont Amnesty Maroc demande depuis des lustres l'abrogation, et qui n'est toujours pas effective dans les textes. Une peine de mort « abolie en pratique » au Maroc, comme le stipule le rapport. « Insuffisant ! » selon le directeur général d'Amnesty Maroc, Mohamed Sektaoui. « Nous voulons des actes, pas des paroles ! » a-t-il lancé au Soir échos. A noter tout de même qu'aucune exécution n'a eu lieu au Maroc durant l'année 2011. * Tweet * * *