Dans son rapport publié, hier, sur la situation des droits de l'Homme dans le monde, l'ONG Amnesty International a rendu hommage au Printemps arabe. L'organisation a aussi dénoncé l'incapacité de l'ONU à maintenir la paix dans le monde. Des centaines de femmes manifestant contre le régime dictatorial de Bachar al-Assad en Syrie. Amnesty International rend hommage au courage du peuple arabe. En effet, dans son rapport annuel sur les droits de l'Homme dans le monde, publié hier et coïncidant avec le premier tour de l'élection présidentielle égyptienne, l'organisation est revenue sur les manifestations populaires qui ont renversé les régimes dictatoriaux dans le monde arabe et particulièrement au Maghreb (Tunisie, Egypte, Libye). « Les manifestants ont montré que le changement était possible. Ils ont mis les gouvernements au défi, les sommant d'agir pour la justice, l'égalité et la dignité. Ils ont montré que les dirigeants qui font fi de ces attentes ne seraient plus tolérés », a souligné Amnesty International qui fait également remarquer que ces soulèvements ont eu des échos dans le monde entier. « Les soulèvements intervenus en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont trouvé un écho très fort auprès de la population en Afrique subsaharienne. Dans des pays comme l'Angola, l'Ouganda ou le Sénégal, une force excessive a été déployée contre les manifestants. La contestation sociale s'est amplifiée dans les Amériques et a souvent débouché sur une confrontation directe entre le peuple et de puissants intérêts économiques et politiques », a développé l'ONG dans ce document. Hypocrisie L'organisation de défense des droits de l'Homme a, dans le même sens dénoncé, l'hypocrisie des membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Russie, Chine, Japon et Grande-Bretagne) qui disent soutenir la liberté mais qui, en réalité, ne cherchent qu'à préserver leurs différents intérêts dans ces pays. « Avec les manœuvres des puissances mondiales cherchant à peser au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on a vu bien trop souvent au cours de l'année écoulée les alliances opportunistes et les intérêts financiers s'exercer au détriment des droits humains. On sort le discours sur les droits humains lorsqu'il sert les visées des responsables politiques ou économiques, et l'on s'empresse de le ranger au placard lorsqu'il devient gênant ou qu'il fait obstacle au profit », a noté l'organisation. Amnesty International reproche notamment aux puissances occidentales de ne pas avoir traduit leur soutien au Printemps arabe en action. L'ONG a aussi souligné, dans son rapport, la nécessité de réformer le système des Nations Unies jugé inadapté au conteste actuel surtout marqué par la crise syrienne qui n'en finit pas de faire couler le sang d'innombrables innocents. Plus d'effort en faveur des libertés « Le Conseil de sécurité de l'ONU, censé être le gardien de la paix mondiale, apparaît bien inefficace dans cette mission », a, pour sa part, précisé Salil Shetty, le secrétaire général d'Amnesty International. Notons que le rapport couvre la période allant de janvier à décembre 2011, et porte sur la situation des droits de l'Homme dans 155 pays et territoires. « Il ne suffit pas de se débarrasser de tel ou tel dirigeant, aussi tyrannique soit-il, pour instaurer un changement durable. Les gouvernements doivent respecter le droit à la liberté d'expression, chez eux et à l'étranger ; ils doivent prendre au sérieux leurs responsabilités au niveau international et investir dans des systèmes et des structures qui garantissent la justice, la liberté et l'égalité devant la loi », a lancé l'organisation à l'endroit des nouveaux dirigeants du monde arabe au moment où l'Egypte s'apprête à choisir le successeur de Hosni Moubarak. * Tweet * * *