Une conférence régionale sur « le rôle de l'éducation aux droits de l'Homme dans le contexte politique arabe actuel", s'est ouverte jeudi à Rabat, à l'initiative du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et de l'Institut arabe des droits de l'Homme (IADH). A l'ouverture de cette conférence, le président du Conseil national des droits de l'Homme, Driss Yazami a estimé que sans unanimité de la société autour des principes et valeurs des droits humains tout processus d'édification de la démocratie et d'un Etat de Droit reste incomplet, notant que les changements démocratiques en cours dans les pays sont le fruit de plusieurs années de lutte des organisations humanitaires qui ont renforcé une prise de conscience chez les citoyens de leurs droits et libertés. Et c'est d'ailleurs dans ce cadre qu'intervient l'éducation aux droits humains, a-t-il dit, rappelant que le monde arabe connait depuis une longue date une véritable révolution démographique culturelle qui a contribué à déclencher chez les jeunes en particulier le besoin de jouir de leurs droits civiques et politiques et de leurs libertés. Il a appelé dans la même perspective les différents partenaires publics, et les organisations de la société civile à actualiser leurs visions des droits de l'homme dans la perspective de les adapter aux nouveaux besoins issus du printemps arabe. Cette conférence a pour objectif d'élaborer une vision claire en matière d'éducation aux droits de l'Homme, à la lumière du contexte politique arabe actuel, visant à ancrer les valeurs et les principes des droits de l'Homme. La réalisation de cet objectif se fera à travers un état des lieux des politiques, des stratégies, des plans d'actions, des programmes et des actions relatives à l'éducation aux droits de l'Homme, et ce, en vue d'en déterminer les points forts et les points faibles et d'en tirer les enseignements nécessaires, selon le CNDH. Les travaux de cette rencontre de deux jours s'articulent autour de plusieurs axes notamment, « le cadre normatif international en matière d'éducation aux droits de l'Homme », « processus de l'éducation aux droits de l'Homme dans les pays arabes : réalisations et limites », « l'éducation aux droits de l'Homme dans le contexte politique arabe actuel : "témoignages et expériences», «visions stratégiques prospectives en matière d'éducation aux droits de l'Homme : opportunités et contraintes". Selon l'IADH, coorganisateur de cette rencontre, le monde arabe a connu au cours de l'année 2011 une série de manifestations populaires, au cours desquelles les peuples de la région ont appelé à davantage de démocratie et de justice sociale ainsi que le respect de leur droit de participer à la gestion des affaires publiques. Les soulèvements populaires dans le monde arabe ont provoqué des changements de régimes et la mise en œuvre de réformes dans certains pays inespérés, alors que d'autres pays connaissent toujours des mouvements de protestation. Cette action revendicative a été rendue possible grâce à l'essor sans précédent des mass media et des réseaux sociaux de communication via Internet et à la prise de conscience accrue de la nécessité d'agir pour changer leurs conditions de vie et jouir de leurs droits chez de larges couches de la population, menées par les jeunes. L'introduction de l'éducation aux droits de l'homme dans les programmes d'enseignement ainsi que l'action des organisations des droits de l'homme ont contribué pour leur part à cette prise de conscience dont avaient besoin les masses populaires dans le monde arabe pour manifester leur colère et le respect de leurs droits à la démocratie et à la justice et la fin des régimes dictatoriaux, indique l'IADH. La conjoncture internationale est également favorable à l'avènement des droits de l'homme, compte tenu de l'intérêt particulier dont ils jouissent désormais de la part de la Communauté internationale. Rien qu'en décembre 2011, ajoute l'IADH, l'Assemblée générale des Nations unies avait publié la Déclaration des Nations unies sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme, dont l'élaboration avait été appuyée par le Maroc et la Suisse. Selon le premier article de cette déclaration, «chacun a le droit de détenir, de rechercher et de recevoir des informations sur l'ensemble des droits de l'homme et des libertés fondamentales et doit avoir accès à l'éducation et à la formation aux droits de l'homme". Cet engouement pour les droits humains est accompagné par l'action des organisations des droits de l'homme, tels l'IADH ou le CNDH et l'engagement des Etats, de plus en plus nombreux, de respecter les droits humains, estime l'IADH. Selon l'IADH, la scène internationale est toutefois marquée par une montée sans précédent de l'intolérance, du fanatisme, de la haine, de la violence, de la discrimination, du racisme, du rejet d'autrui et de la réduction de la démocratie à un simple jeu électoral. De larges couches de la population à travers le mode ne disposent des moyens requis pour jouer leur rôle dans la société. Pour qu'elle soit fructueuse et efficiente, l'éducation aux droits humains doit faire l'objet d'une action de réadaptation aux besoins des nouveaux acteurs sociaux et politiques, estime l'IADH, selon lequel la consécration des droits humains et des valeurs démocratiques implique le respect des libertés individuelles et publiques, la promotion de la participation politique et des droits de la citoyenneté ainsi que la consolidation de l'égalité entre les sexes et le renforcement de l'indépendance de la justice. L'avènement de la culture des droits de l'homme est une entreprise globale et inclusive, politique et pédagogique. C'est une action volontariste visant l'adhésion de la société aux concepts des droits humains tels qu'ils sont universellement reconnus. Plus d'une centaine de participants prennent part aux travaux de cette conférence représentant plusieurs organismes : organisations internationales, institutions nationales arabes des droits de l'Homme, universités arabes, organisations non gouvernementales, réseaux actifs dans le domaine de la protection et la promotion des droits de l'Homme, experts, formateurs, médias, et les partenaires de l'IADH et du CNDH dans ce domaine. L'IADH est une organisation non gouvernementale arabe indépendante, créée en 1989 à l'initiative de l'Organisation arabe des droits de l'homme, l'Union des avocats arabes et la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme, avec le soutien du Centre des Nations unies pour les droits de l'homme. L'IADH a pour objectif de diffuser et de promouvoir les valeurs des droits de l'Homme, tels qu'ils sont universellement reconnus, dans les pays arabes. L'institut a reçu en 1992 le prix international de l'UNESCO pour l'éducation aux droits de l'homme.