De nombreux acteurs politiques et défenseurs des droits de l'Homme, tunisiens et arabes, ont salué l'expérience marocaine dans le domaine de la justice transitionnelle, la qualifiant d'"expérience pionnière" dans le monde arabe. L'expérience marocaine est devenue une source d'inspiration pour de nombreux pays qui veulent se réconcilier avec leur passé, comme c'est le cas de la Tunisie qui vit actuellement un changement démocratique visant à "tourner définitivement la page des violations passées des droits de l'homme", ont souligné ces acteurs qui participent à un colloque international sur "le traitement des violation passées et l'édification de l'avenir...la justice transitionnelle pendant les périodes de transition" dont les travaux se sont ouverts, jeudi à Tunis. Ce colloque connait la participation d'une pléiade d'experts, de chercheurs arabes et étrangers dans le domaine des droits de l'homme, dont des Marocains, et de représentants de nombreuses organisations internationales des droits de l'homme. Plusieurs intervenants, lors de la séance d'ouverture du colloque qui consacrera une bonne partie de ses travaux à la présentation des expériences des pays qui ont vécu des périodes de transition démocratique et de justice transitionnelle, dont l'expérience marocaine en matière de réparation, individuelle et collective, des préjudices causés par les violations des droits de l'homme dans le passé. Parmi ces intervenants figurent MM. Tayeb Bekkouch, ministre tunisien de l'éducation, porte-parole du gouvernement, et présidence d'honneur de l'Institut Arabe des droits de l'homme (IADH), Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et Abdelbasset Ben Hassan, président de l'IADH. Ces derniers ont salué, dans des déclarations à la MAP en marge des travaux de ce colloque, le rôle joué par l'Instance Equité et Réconciliation (IER) dans la mise en oeuvre de la justice transitionnelle et en matière de réconciliation des Marocains avec leur passé. L'expérience marocaine concernant la justice transitionnelle est "pionnière dans la région arabe", a relevé M. Bekkouch, affirmant qu'"en dépit des imperfections qui, selon certaines parties, l'ont entachée, elle demeure une expérience réussie à tous les niveaux et unique dans le monde arabe, et a contribué à la réalisation d'une transition politique importante au Maroc". De son côté, M. Mokhtar Trifi a indiqué que le Maroc était le premier pays arabe à appliquer la justice transitionnelle, estimant que cette expérience est pionnière par ce qu'elle a été menée par la volonté et la détermination de l'Etat. L'idée d'une réparation collective des préjudices causés par les violations des droits de l'homme dans le passé et de rendre justice aux ayant droits pour surmonter les "périodes noires dans l'histoire du pays" est l'aspect le plus important de l'expérience marocaine, a ajouté le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme. Il a relevé dans ce sens que l'indemnisation individuelle et collective des habitants des régions ayant subi des actes de répression était une chose importante et une expérience inédite qui peut servir d'inspiration pour la Tunisie. Pour sa part, le président de l'Institut arabe des droits de l'homme a mis l'accent sur les points forts de l'expérience marocaine, faisant remarquer que le concept de la justice transitionnelle a été évoqué pour la première fois dans l'histoire du monde arabe grâce à cette expérience. L'expérience marocaine s'est distinguée également par les séances d'auditions publiques des victimes des violations passées des droits de l'homme, ce qui a favorisé la prise de conscience, dans le monde arabe, de l'importance des questions de reddition de comptes et d'indemnisation des victimes des violations passées. Les médias dans la région arabe n'ont pas donné à cette expérience l'intérêt qu'elle mérité en raison de la restriction à la liberté de la presse et de l'information, a-t-il déploré. L'expérience marocaine, qui a joué un rôle majeur dans cette prise de conscience de l'importance de la justice transitionnelle, peut servir de source d'inspiration en termes de principes et d'enseignements, rappelant que des militants marocains des droits de l'homme vont présenter cette expérience lors de ce colloque. Le colloque sur la justice de transition auquel participe, du côté marocain, MM. Habib Belkouch, président du Centre d'études des droits de l'homme et de la démocratie, et Mustpha El Yesnasni, représentant du Centre national des droits de l'Homme, est organisé du 14 au 16 avril en coopération avec l'Institut arabe des droits de l'homme, le Centre international pour la justice, la Ligue tunisienne des droits de l'homme, et le bureau de Haut commissariat des Nations Unies aux droit de l'homme.