Les autorités marocaines n'ont pas encore mis en œuvre les recommandations importantes de l'Instance Equité et réconciliation (IER) de 2005, indique Amnesty International, dans son rapport de 2012 sur les droits de l'homme dans le pays. Présentant ce rapport mardi, le directeur général de la section Maroc de l'organisation humanitaire, Mohamed Sektaoui, a fait savoir que le nouveau gouvernement n'a pas donné de suite au mémorandum qui lui a été adressé au sujet de la situation des droits de l'homme dans le pays. Dans son rapport 2012, a-t-il dit, l'organisation fait état de cas de torture et de mauvais traitements infligés à des détenus, précisant que des prisonniers ont recouvré leur liberté à la faveur d'une grâce royale qui leur a été accordée. Le rapport souligne aussi que malgré le fait que les tribunaux marocains continuent de prononcer la peine capitale, aucune exécution n'a eu lieu, rappelant que la dernière exécution remonte à 1993. Le rapport se félicite aussi du fait que cinq condamnés à mort ont vu en avril 2011 leur sentence commuée en peine d'emprisonnement. Citant de nouvelles informations, le rapport d'AI accuse par ailleurs des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST) d'être responsables d'actes de tortures et de mauvais traitements infligés à des détenus parmi les islamistes et les membres du Mouvement du 20 février. Pour l'organisation, des détenus étaient toujours maintenus au secret, dans certains cas au-delà de la durée maximale de 12 jours de garde à vue autorisée par la loi. Le rapport ajoute dans ce sens que les 16 et 17 mai 2011, des détenus de la prison de Salé pour des infractions liées au terrorisme se sont mutinés pour dénoncer l'iniquité de leurs procès et le recours à la torture dans le centre de détention non reconnu de Temara. Des affrontements ont opposé les détenus et les gardiens, dont plusieurs ont été retenus en otages pendant une courte période, les membres de l'administration pénitentiaire ont ensuite tiré à balles réelles pour mettre fin à la mutinerie. Plusieurs prisonniers ont été blessés, selon AI. Bien que les manifestations en faveur des réformes dans le pays aient été en général pacifiques, les forces de sécurité seraient dans bien des cas brutalement intervenus contre les manifestants, indique l'organisation, qui ajoute que des atteintes à la liberté d'expression ont été également enregistrées et que des journalistes entre autres ont fait l'objet de poursuites judiciaires et ont été condamnés à des peines d'emprisonnement pour avoir critiqué publiquement les autorités ou commenté des sujets jugés politiquement sensibles.