Après le groupe de Gjijmate en 2008 et les «ralliés» à l'origine de Gdim Izik en 2010, le Maroc tombera-t-il, une nouvelle fois, dans le piège que lui prépare l'Algérie ? Plusieurs milliers de Sahraouis portant la nationalité mauritanienne demandent à s'installer au Maroc. Vendredi dernier, des Sahraouis de Tindouf ont organisé un sit-in devant le consulat marocain à Nouadhibou. Ils étaient environ 400 personnes à réclamer le «retour à la mère patrie». Omar Bouaida, député de Guelmim, persuadé qu'il s'agit d'une nouvelle vague de «ralliement», a décidé de saisir, dans une lettre, le ministère des Affaires étrangères en vue de faciliter l'accueil de ces Sahraouis dans sa province. Même son de cloche auprès de Mme Mbarka Bouaida. La n°2 de la diplomatie marocaine a déclaré, mercredi dernier lors d'une émission sur 2M, que de milliers de Sahraouis, attendent avec impatience le retour au royaume Mais les choses ne sont pas si triviales qu'elles n'y paraissent. Un guet-apens semble se préparer depuis plus d'une année, précisément depuis les législatives de novembre et décembre 2013. Nous avions évoqué dans un précédent article la participation, avec bien entendu l'autorisation de l'Algérie et la direction du Polisario, de quelques milliers d'habitants des camps à ce scrutin. Des voix destinées, essentiellement, à renforcer le parti du président Mohamed Abdelaziz, l'Union pour la république. Ils avaient ensuite pris part aux présidentielles du 21 juin 2014. Depuis ils attendent le feu vert des autorités marocaines pour entrer au Sahara et jouir des avantages qu'accorde le titre de «rallié» : une maison pour les familles et une aide mensuelle de 1600 dh (la fameuse "cartiya") pour chaque membre ayant plus de 18 ans. Le précédent de Gdim Izik Outre le coup financier de l'opération, il y a également un risque politique. Il est en effet probable que le groupe soit infiltré par des membres du Polisario experts dans le montage des protestations armées. Le cas des événements de Gdim Izik en est bien la preuve. Avant l'assassinat de dix éléments des forces de l'ordre lors de l'opération du démantèlement du campement, les médias marocains se félicitaient de l'arrivée chaque jour, de dizaines de Sahraouis des camps de Tindouf en réponse à l'appel «la patrie est clémente et miséricordieuse». Au printemps 2008, le Maroc avait accueilli environ 1200 Sahraouis portant la nationalité mauritanienne. Une opération chapeautée par le CORCAS (Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes). Quelques mois plus tard, la majorité d'entre-eux vendait les maisons reçues de la wilaya de Laâyoune pour acheter des véhicules tout-terrain et regagner les camps. Rabat se laissera-t-elle encore prendre au piège en acceptant de recevoir sur son territoire plus de 5000 Sahraouis portant la nationalité mauritanienne ?