Après plusieurs semaines plutôt discrètes, Chabat revient en force sur le devant de la scène politique marocaine. Le scandale de l'organisation du mondial des clubs est pour le leader de l'Istiqlal du pain bénit. Hamid Chabat s'invite dans l'affaire Ouzzine. Le secrétaire général de l'Istiqlal n'a pas laissé l'occasion passer sans en tirer profit. Dans une allocution prononcée lors de la cérémonie inaugurale du 12ième congrès de la jeunesse du parti de la Balance, il a demandé au gouvernement de «la raclette», selon ses propos, de démissionner. Il appelle ainsi à l'organisation d'élections législatives anticipées. Il n'a bien entendu pas oublié d'égratigner Benkirane au passage, arguant qu'il aurait mieux fait de démettre les ministres «impliqués dans des scandales» et exercer pleinement ses prérogatives au lieu de les défendre. Chabat a estimé que l'exécutif n'avait pas tenu ses «promesses» de lutter contre la corruption et la prévarication. Pour lui au contraire, le gouvernement adresse des messages très rassurants aux corrupteurs. Chabat se fait l'avocat d'Al Adl wal Ihsane et de l'AMDH Le patron du PI ne s'est pas contenté de tirer à boulets rouge sur l'action gouvernementale comme il l'aime le faire. Mais chose plutôt surprenante, il a lancé des appels du pied à Al Adl wal Ihsane (AWI), le mouvement islamiste toléré mais officiellement interdit. Hamid Chabat souhaite même établir une coordination entre sa formation et les disciples d'AWI. Une position qu'il juge cohérente et qui selon lui cadre parfaitement avec la politique adoptée par le PI depuis bien des années. Il a ensuite rappelé que son parti s'était opposé à la dissolution du PJD au lendemain des attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca, comme le projetait certaines figures du ministère de l'Intérieur. L'Istiqlal et AWI partagent également certaines positions idéologiques. Tous les deux se présentent en effet comme des formations conservatrices, défendant l'islam et la langue arabe. Après avoir dragué AWI, Chabat a fait un grand écart pour exprimer son entière solidarité avec l'AMDH. Depuis six mois, l'ONG est dans le collimateur du ministère de l'Intérieur. Ses activités ont été maintes fois interdites et la wilaya de Rabat menace même de lui retirer statut d'association à utilité publique que le gouvernement El Youssoufi lui avait accordé en 2000. Cet engagement en faveur de l'AMDH couronne la proximité, bien établi, entre les camarades d'Ahmed El Hayej et la Ligue marocaine des droits de l'Homme, une association très proche de l'Istiqlal. Certaines conférences de la LMDH subissent aussi des restrictions de la part des représentants de l'Administration territoriale.