Les parlementaires du PJD ne se lassent pas de remettre au goût du jour la place de la langue française dans le secteur public. Il y a neuf mois, ils avaient déjà déposé une proposition de loi exigeant l'usage de l'arabe et sanctionnant les infractions par des amendes. Aujourd'hui, ils interpellent à nouveau le ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration sur la question. Les députés du PJD tentent de relancer le débat sur l'usage de la langue française dans l'administration marocaine. Mardi, lors de la session des questions hebdomadaires à la Chambre des représentants, ils ont interpellé le titulaire du portefeuille de la Fonction publique sur «la situation de la langue arabe au Maroc». Mohamed Moubdiî, s'est voulu très rassurant, estimant que toutes les administrations publiques et les collectivités locales sont tenues de communiquer en arabe, conformément à des circulaires des Premiers ministres Abderrahmane El Youssoufi et Abbas El Fassi, datant de 1998 et 2008. Mais les documents publiés par le hacker Chris Coleman prouvent le contraire. Pour expliquer cela, le ministre a souligné que le recours aux langues étrangères n'était autorisé qu'avec les partenaires internationaux. Connaissant l'importance que revêt le sujet chez les islamistes, le «Harakiste» a rappelé que l'article 5 de la constitution oblige l'Etat à «œuvrer à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu'à la promotion de son utilisation». Moubdiî n'a pas souhaité s'engager d'avantage à l'image de son prédécesseur. Saâd El Alami, l'ancien ministre istiqlalien actuellement ambassadeur au Caire, avait en effet promis en 2008 de publier un décret consacrant l'obligation de l'usage de la langue arabe aussi bien dans la relation entre services publics que dans la communication avec les citoyens. Le PJD réclame une meilleure place La réponse de Moubdiî n'aura pas réussi à dissiper les inquiétudes des députés du parti de la Lampe. Abdellah Saghiri, a l'origine de la question, a martelé que «l'arabe est sinistrée». Ajoutant une couche, il a affirmé que «sa renaissance, annoncée depuis l'avènement de l'indépendance du Maroc est toujours reportée aux calendes grecques». Les PJDistes avaient déjà déposé, en mars dernier, une proposition de loi, exigeant de l'Etat une «protection de la langue arabe (…) à l'oral comme à l'écrit», «sa préservation de toutes les influences étrangères» et «l'élaboration de programmes et de plans (…) à même de rehausser son niveau et la généralisation de son usage». Poussant leur logique jusqu'au bout, ils avaient même prévu des amendes allant jusqu'à 5 000 dh contre les messages publicitaires diffusés dans une langue étrangère. Un texte qui n'est pas sans rappeler celui déposé en 2008 par des députés istiqlaliens. Mais l'initiative n'avait pas dépassé le stade des annonces. De son côté, le gouvernement Benkirane, tentant de noyer le poisson, avait déclaré préparer une politique linguistique qui se veut cohérente. Neuf mois plus tard, elle se laisse toujours désirer. C'est peut être ce qui a poussé les députés PJD a relancé le débat.