La diplomatie marocaine commence à s'intéresser aux différents mouvements sociaux de contestation en Algérie. Au Conseil des droits de l'Homme, le chargé d'affaire n'a pas hésité à traiter la gendarmerie algérienne en Kabylie, durant les événements du Printemps noir, de «force d'occupation». Nouvelle passe d'armes entre le Maroc et l'Algérie au conseil de l'ONU des droits de l'Homme à Genève. C'est désormais devenu un rituel, depuis que les deux voisins ennemis ont accédé, il y a presque une année, au bureau du CDH. Un tour de chauffe avant le début, en octobre, d'un autre round entre les deux adversaires sur le dossier du Sahara occidental. Il aura lieu au siège newyorkais des Nations-Unies, à l'occasion des travaux de la IVème commission des Nations-Unis sur la colonisation. L'actuelle session de l'organisme onusien, qui se tient du 8 au 26 septembre, n'a donc pas dérogé à la règle. Ainsi, le représentant de l'Algérie a répété que son pays est convaincu de la nécessité de l'élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental. Il a également appelé le CDH de se saisir du dossier des «violations des droits de l'Homme commise par le Maroc» dans cette région. Selon lui, ce contexte résulte de la «non-application du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Si l'Algérie est restée sur sa ligne d'attaque classique, le Maroc a introduit de nouveaux éléments dans son réquisitoire. Réponse du berger à la bergère Le chargé d'affaire marocain, Hassan Boukili, qui ayant pour mission de répondre aux allégations de l'Algérie, s'est dit très préoccupé par la situation dans les camps de Tindouf. Pour lui «la responsabilité de l'Algérie est doublement engagée au sujet des violations tant en vertu du droit international des droits de l'Homme que du droit international des réfugiés». Le diplomate a, bien entendu, défendu la proposition marocaine de 2007, pour l'autonomie du Sahara occidental pour régler définitivement ce différend. Mais Boukili a rebondit en tentant d'expliquer l'opposition algérienne à l'initiative marocaine. Selon le représentant marocaine, l'Algérie craint de voir le projet d'autonomie faire tâche d'huile sur son territoire et servir d'exemple pour certaines régions. Et d'enchainer par rappeler que «la gendarmerie algérienne a assassiné 128 kabyles durant les évènements tragiques du printemps noir, agit toujours en force d'occupation et continue d'humilier les citoyens kabyles». Boukili fait allusion à la vague de protestation qu'avait connu la région entre avril 2001 et avril 2002. De la Kabylie, le diplomate a fait un saut vers le M'Zab où la ville de Ghardaïa est, depuis des mois, la scène de violents affrontements entre jeunes amazighs et forces de l'ordre. Au conseil des droits de l'Homme, Rabat se fait désormais l'avocat des autonomistes.