Le Haut-Commissariat au Plan est actuellement en pleine campagne de sensibilisation en vue du recensement prévu au Maroc le mois prochain. Mais vexé par des propos qu'aurait tenu le patron de l'institution à son encontre, le mouvement amazighe monte au créneau dénonçant une "attaque raciste" et réclame le "limogeage" d'Ahmed Lahlimi. Une des principales craintes des associations amazighes : le risque de falsification des résultats. L'atmosphère promet d'être tendue lors du recensement national prévu en septembre prochain. L'Assemblée mondiale amazighe (AMA) vient de répondre à ce qu'elle appelle "des déclarations et décisions racistes" du patron du Haut-Commissariat au plan (HCP) concernant les Amazighs et le prochain recensement. Formulaires non conformes aux recommandations de l'ONU D'après le président du mouvement Rachid Raha, Ahmed Lahlimi se serait "attaqué sévèrement et de manière raciste aux Amazighes, considérant que leurs revendications relatives à la langue maternelle sont dangereuses et source de désordre et devront être rejetées et interdites de manière absolue". C'est ce qu'il indique dans une déclaration publiée sur son mur Facebook. Pour rappel, le HCP s'est lancé depuis le début du mois d'août dans une caravane dans les zones rurales du royaume afin de sensibiliser les populations à participer au recensement qui aura lieu dans les prochaines semaines. En juillet dernier, l'AMA s'était plaint de la discrimination dont est victime la langue amazighe dans ce programme. Selon les explications de Rachid Raha, M. Lahlimi aurait déclaré que son objectif est de connaitre "le nombre de personnes qui lisent et écrivent l'amazighe, non seulement en caractères tifinaghes, mais aussi en caractères arabe et latin, bien que ne figure dans le questionnaire de recensement aucune question relative à la capacité à lire et écrire l'amazighe en caractères arabes araméens ou latins". Risque de falsification des résultats? Le mouvement considère que ce formulaire octroie à la langue amazighe "une position ambiguë différente de celle de l'arabe", soulignant que cela est contraire aux recommandations des Nations Unies. Celles-ci veulent en effet que dans le recensement, les langues (maternelles, d'usage) soient toutes considérées sur un même pied d'égalité. "Les accusations de Lhalimi Ahmed disant que les amazighes veulent installer le désordre constituent une fuite en avant", estime M. Raha. L'AMA va plus loin, estimant que l'actuel Haut-Commissaire du plan n'est pas la bonne personne pour superviser le prochain recensement. Il "a déjà falsifié, il y a dix ans, le pourcentage des Amazighes au Maroc", affirme M. Raha, faisant allusion au recensement de 2004 qui estimait à 28% la proportion de la communauté amazighe sur l'ensemble de la population marocaine, inférieure à celle des locuteurs français. Appel au Boycott Depuis plusieurs jours, ces déclarations de Rachid Raha font le tour de la toile, sans susciter de réaction -du moins officielle- du HCP. Nous avons tenté en vain de joindre Ahmed Lahlimi ce matin afin d'obtenir des explications. "Il est actuellement en tournée dans le Souss pour promouvoir le recensement et ne sera de retour que d'ici deux jours", indique à Yabiladi la responsable communication de l'Institution, Zara Chihaldi, qui n'a pas souhaité commenter la polémique actuelle. Dans une vidéo publiée sur Youtube le 12 août dernier, Rachid Raha appelle les Amazighes du Maroc au boycott du recensement. Le leader du mouvement appelle également les autorités chérifiennes au "limogeage" d'Ahmed Lahlimi et promet d' "internationaliser" son combat si ses revendications ne sont pas prises en compte.