Benkirane assure son avenir politique. Il a réussi à placer un de ses plus fidèles disciples à la tête du Mouvement unicité et réforme. Abderrahim Chikhi, inconnu au bataillon des grands prédicateurs du MUR, a été propulsé, à l'issue d'une élection à rebondissements, à la présidence de la matrice du PJD. Une victoire à mettre à l'actif du chef du gouvernement. Immédiatement après son retour des Etats-Unis, Benkirane s'est attelé, en compagnie de quelques fidèles, à organiser le 5ème congrès du Mouvement unicité et réforme, la matrice du PJD. Une échéance hautement importante pour l'avenir politique du chef du gouvernement et de son grand confident, Abdellah Baha. Sa présence était cruciale pour nommer un de ses proches à la tête du MUR, sachant que Mohamed Hamdaoui, l'ancien président, n'avait plus le droit de s'y présenter. La solution : Abderrahim Chikhi, membre de son cabinet Benkirane était dans l'obligation de trouver un profil qui lui soit totalement dévoué pour que le MUR ne retombe pas entre les mains d'Ahmed Raissouni, le vice-président de l'Union internationale des oulémas sunnites (une entité proche du Qatar et surtout des Frères musulmans) et son grand adversaire au sein du Mouvement. Les deux hommes ne sortent pas du même moule religieux. L'élection qui s'est déroulée, dimanche matin, a donc porté à la présidence du MUR, Abderrahim Chikhi, jusque là inconnu au bataillon. Contrairement aux autres prétendants (Omar Ben Hammad, Raissouni et Saâdeddine El Otmani), connus pour leurs écrits religieux et politiques tant au Maroc qu'à l'étranger, le seul fait d'arme de Chikhi est qu'il soit membre du cabinet du chef du gouvernement. Une élection qui s'est révélée bien difficile, nous confie une source, comme prévoyait le clan du chef du gouvernement. Au premier tour, Chkihi est arrivé cinquième, et bon dernier, avec 162 voix contre 340 pour Ahmed Raissouni. Au troisième tour, il rebondi par miracle à la première place avec 202 voix, alors que Raissouni dégringole à la seconde place avec 171 voix et Ben Hammad, arrivé troisième avec seulement 117 voix. Comment expliquer alors ce changement en si peu de temps ? Benkirane assure son avenir politique et celui de son ami Baha En plaçant Chikhi à la tête du MUR, le secrétaire général de la Lampe dresse une infranchissable muraille devant certains PJDistes qui nourrissent l'ambition de lui succéder à la tête du parti en 2016 ou en 2017. D'ailleurs, le premier mandat de Benkirane au gouvernail du PJD, de 2008-2012, a été possible grâce à la forte adhésion du Mouvement Unicité et réforme pour sa candidature, alors que tous les pronostics donnaient El Otmani favori pour rempiler quatre années supplémentaires. Compte tenu de ce verrouillage du jeu politique, le prochain congrès des islamistes prévu entre 2016 et 2017, ne devrait pas déboucher sur une surprise. Si les statuts internes du parti ne permettent pas à Benkirane de briguer un troisième mandat, à moins de les modifier, la route est ainsi, grande ouverte pour que Abdellah Baha reprenne le flambeau.