Moteur de croissance de l'économie nationale durant les 5 dernières années, le secteur de l'immobilier est en forte décélération. Pourtant, les statistiques dépeignent une image plus nuancée, et pour contrer la dynamique, l'Etat s'engage à augmenter ses investissements dans l'habitat social. Si au niveau de l'offre, la production de logements continue de croître (+ 3,5 % en 2009), il n'en reste pas moins que le rythme de production s'est nettement ralenti comparativement à la dynamique de construction de ces dernières années. Quant à la demande, et selon les chiffres officiels rendus par la Banque du Maroc, les transactions immobilières ont chuté en 2009 de 15,3 % (434 200 transactions contre 511 000) et les prix des actifs immobiliers de 2,2 %. D'où la tenue d'une réunion, en fin de semaine dernière, au ministère de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire sous la présidence de Taoufik Hejira, ministre de tutelle. Au menu : état des lieux, plan d'action pour lutter contre la prolifération de bidonvilles, et les plans d'aménagements des villes marocaines. Selon le ministre, «deux tremblements de terre» expliquent le ralentissement du secteur immobilier». Primo. La crise économique mondiale qui n'a pas épargné le Maroc. Un «impact plutôt psychologique», dit-il. Secundo. L'effondrement du logement social avec une baisse d'environ 30 % de production de logements. Cependant, Taoufik Hejira se veut optimiste et s'engage à ce que les indicateurs passent au vert lors du second semestre 2010. Comment ? Via la construction de 110 000 unités de logements par l'office public Al Omrane, soit plus de 5 milliards de dirhams d'investissement. En clair, l'Etat prend les choses en main et décide de prendre ses responsabilités avec la construction de logements sociaux en faveur des populations modestes voire défavorisées. Ainsi, il espère entraîner dans sa roue des opérateurs privés. Reste le point «noir» qui fait tâche dans le paysage : le programme national «Villes sans bidonvilles» et le recasement des bidonvillois. Selon les chiffres officiels, environ 9 000 «baraques» ont été détruites depuis le 01 janvier 2010 contre 30 000 destructions sur la période 2008 / 2009. Un chiffre en net recul et qui inquiète au plus haut sommet de l'Etat. D'où l'initiative prise de créer une commission «spéciale bidonvilles», composée de cadres des ministères de l'Intérieur, de l'Habitat et des Finances. Objectif : veiller à la prolifération de bidonvilles, amplifier les programmes de destruction et favoriser le recasement des populations vulnérables. Erigé en priorité nationale par Feu Hassan II en 1999 et le lancement du programme national de l'Habitat, soutenu, entre autres par l'Union européenne, il semblerait que la lutte contre l'habitat insalubre regagne en importance. Reste à savoir si l'Etat sera en mesure de mener à bien ce programme. Saura-t-il notamment mettre un terme aux agissements de certains éléments internes, fonctionnaires de l'Etat qui mènent le bal en «cautionnant» la construction nocturne de bidonvilles ? La rigueur et la transparence seront-elles de mise avec la mise à niveau des plans d'aménagements des (grandes) villes, portés à la connaissance du public ?