Des indicateurs qui doivent aboslument virer au vert et une mobilisation tous azimuts pour lutter contre les bidonvilles. Telles sont les deux principaux messages que voulait passer Ahmed Taoufiq Hejira, lors de la réunion des cadres du ministère de l'Habitat, vendredi dernier. Une réunion aux relents d'une «convention des cadres» pour dresser le bilan d'action du 1er semestre 2010 et les perspectives du second. Il s'agit d'une «tradition», pour reprendre les termes du ministre de l'Habitat et de l'urbanisme, initiée au niveau du ministère pour dresser un objectif d'étape. L'ambition est de rectifier le tir au niveau des projets qui bloquent et mesurer l'efficacité des autres. Hejira et ses cadres ont passé l'ensemble des chantiers en revue : développement territorial, les nouvelles villes, les logements sociaux, lutte contre les bidonvilles, mise à niveau des ressources humaines... Un exercice où le ministre excelle et qu'il compte d'ailleurs reproduire en janvier 2011 pour le bilan annuel. Des indicateurs au vert prochainement Parole de Hejira. Les indicateurs du secteur immobilier devraient se redresser très prochainement. Pour preuve, il cite plusieurs chiffres relatifs au secteur (encours des crédits, consommation du ciment, création d'emplois ...). Un passage au vert après une longue traversée du désert. Le ministre de l'Habitat n'a d'ailleurs pas omis de le signaler. Il a ainsi parlé des deux «tremblements de terre» qu'a connus le secteur depuis 2008. Le premier est relatif à la crise mondiale de l'immobilier qui a eu un impact sur le Maroc. Un impact plutôt «psychologique», selon le ministre istiqlalien. En effet, cette crise a dissuadé nombre de ménages d'acheter un bien immobilier et les a poussés à reporter leur décision. L'autre «secousse» est celle de l'effondrement du logement social. Hejira parle d'une baisse de 30%. L'intervention royale a sauvé la mise et la loi de Finances 2010 a relancé le segment social. Malgré ces deux secousses, le secteur se porterait plutôt bien, aux dires du ministre. «Le secteur va passer prochainement aux indicateurs verts», dit-il. Crédits Fogarim : une baisse «naturelle» Les crédits Fogarim (Fonds de garantie en faveur des populations à revenus modestes et/ou irréguliers) ont baissé de 25 % au terme de l'année 2009. Une baisse «naturelle», selon le ministre de l'Habitat, du moment que ces crédits sont directement liés aux logements sociaux. Selon les prévisions de son département, ces crédits devraient repartir à la hausse en 2011, avec la livraison des premiers appartements de ce segment. Il a d'ailleurs adressé un message «particulier» aux directeurs des Agences urbaines pour accélérer l'octroi des autorisations relatives aux logements sociaux. «Aucun retard ne sera toléré», prévient le ministre. Néanmoins, aucun bilan n'a été dressé, pour le moment, concernant l'état d'avancement du chantier des logements sociaux. «Il est difficile aujourd'hui de dresser un bilan d'étape», indique Hejira, annonçant que les premiers appartements à moins de 250.000 DH seront disponibles courant 2011. Sur le volet des logements à 140.000 DH, on parle de la réalisation de 6.070 unités à fin avril 2010. Ces logements dédiés aux populations à revenu faible et très faible sont exclusivement réalisés par la Holding Al Omrane (public). Valeur aujourd'hui, Al Omrane parle du lancement des chantiers de 60.690 unités, dont 40.070 seront réalisées dans le cadre de partenariats avec le secteur privé. En général, Al Omrane a lancé (tous segments confondus) les travaux pour 89.145 unités et a finalisé les travaux de 40.928 autres. Au terme du premier semestre, les unités livrées ont atteint le nombre de 11.780, selon des chiffres fournis par Najib Bedoui Laraichi, président du directoire. Pour le second semestre, on parle du lancement des travaux de construction de 110.000 unités, indiquant que 25.000 unités seront livrées. Selon le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire (MHUA), Al Omrane devrait investir environ 5,3 milliards de DH durant le second semestre (contre 3,08 milliards durant le premier semestre). Bilan «faible» pour les bidonvilles S'il est un chantier qui préoccupe le département de l'Habitat actuellement, c'est bien celui des bidonvilles. Ces dernières semaines en effet, de hautes directives ont conduit à la constitution d'une commission tripartite qui réunit trois départements : l'Habitat, les Finances et l'Intérieur. Cette «task force» a une seule mission : déterminer les responsables de la prolifération des bidonvilles et accélérer ce chantier. Selon des chiffres officiels, seulement 9.269 baraques ont été détruites durant le premier semestre. «Un chiffre en deçà de nos aspirations», indique Laraichi. En effet, durant les deux dernières années, les équipes du MHUA bouclaient les 30.000 baraques détruites. Selon Hjira, sept villes posent encore des problèmes avec en tête Casablanca, Marrakech et Rabat. «Nous comptons y concentrer nos efforts pour en finir avec ce fléau», assure le ministre de l'Habitat. L'impact des travaux de cette commission sera visible durant le second semestre, promet le ministre. Au total, environ 1.120.000 personnes ont bénéficié du programme et une quarantaine de villes ont été déclarées «villes sans bidonville». 43 plans d'aménagements désuets Les plans d'aménagement de 43 villes sont aujourd'hui dépassés. Durant le forum des urbanistes, Hejira a en effet mis l'accent sur le problème de la fin des périodes réglementaires des plans d'aménagement à l'échelle des grandes villes. Un travail de longue haleine et une contrainte qui oblige les différents intervenants dans ce domaine à marquer un «passage intelligent» pour l'élaboration de nouveaux documents d'urbanisme, selon Hjira. Ce dernier a d'ailleurs annoncé que l'Atlas des plans d'aménagements sera publié à la rentrée. Pour le second semestre 2010, un document du MHUA parle de l'application du suivi des préparatifs pour l'organisation de la rencontre nationale sur le développement rural (Fonader), le suivi de la réalisation de plusieurs documents urbanistiques et la révision du statut du personnel des agences urbaines. Le document évoque aussi la finalisation de l'étude prospective sur le secteur immobilier à l'horizon de 2020. Selon le même document, le second semestre sera marqué par la poursuite des opérations relatives à l'aménagement urbain, à l'accélération des travaux dans les chantiers des nouveaux pôles urbanistiques, à la mise en place de nouveaux critères de gestion et à la poursuite de la mise en œuvre du programme d'organisation et de numérotation des archives du ministère. Le ministre a donné rendez-vous à ses cadres en janvier 2011 pour évaluer ces chantiers. Le mot d'ordre étant la mobilisation générale.