L'annonce faite par le gouvernement Fillon de «préparer un plan pour lutter contre les délocalisations des centres d'appels», a fait mouche au Maroc. On y apprend que Laurent Wauquiez, Secrétaire d'Etat à l'Emploi, étudie plusieurs pistes telles qu'une surtaxe «des appels provenant des sites implantés à l'étranger» et une aide financière destinée aux entreprises qui ne recourent pas aux délocalisations. Des assises nationales devraient se tenir à la rentrée. Dès lors, comment lire cette annonce et quelle (s) conséquence (s) pour cette activité au Maroc ? Tout d'abord, il convient de (re)situer le cadre politico-économique. La France est plongée dans une crise économique structurelle avec des tensions sociales grandissantes. Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, affaibli par les affaires (Bettencourt / Woerth). Tout cela le conduit à mener une politique économique teintée de protectionnisme voire de populisme. Il faut savoir que cette annonce intervient au lendemain de l'annonce de suppression d'emplois (environ 800) au sein de Teleperformance, une entreprise de mise en relation client. Les syndicats sont montés au créneau pour dénoncer le transfert d'activité vers la Tunisie et le Maroc. La société justifiait ses licenciements par une baisse d'activité liée à la crise et non à un transfert d'activité vers des pays à bas coûts. Reste que malgré la crise, les créations d'emplois restent significatives dans ce secteur en France. En effet, ce domaine d'activité emploie environ 300 000 personnes dont près de 70 000 dans les centres d'appels à l'étranger. Selon le ministère de l'Economie et des Finances, l'offshore représenterait plus de 60 000 salariés aujourd'hui, contre 10 000 en 2004. Parmi eux, 30 000 salariés travaillent à partir du Maroc, 12 000 de la Tunisie, le reste est réparti entre le Sénégal et l'île Maurice. Par ailleurs, la «fuite» d'une partie des emplois n'aurait pas que des inconvénients. Loin s'en faut. L'externalisation et l'offshoring de ce service non stratégique pour les grands groupes, a permis a de nombreuses entreprises françaises (PME/ PMI/ TPE) de se créer, de se développer ou encore de se diversifier. Le Maroc, comme d'autres pays, a constitué et constitue un relais de croissance pour ce genre d'activités et bien d'autres encore. La vision quelque peu idyllique de Laurent Wauquiez ne peut masquer les réalités économiques. Les prix sont sans cesse tirés vers le bas, des fois même sous la pression croissante des associations de consommateurs et du gouvernement. Les entreprises françaises ont donc suivi le mouvement et n'ont pas attendu le feu vert des politiques. Du coup, il se pourrait bien que l'annonce politique exprimée par le gouvernement français se solde par un coup d'épée dans l'eau. En conclusion, peu de chance de voir des fermetures de centre d'appel au Maroc et ailleurs.