La France veut garder ses centres d'appels... et ses emplois ! Mais ces opérateurs se sentent tellement à l'étroit dans un marché saturé et austère qu'ils ne peuvent s'empêcher – faisant fi des poussées protectionnistes du gouvernement Sarkozy - de penser à déménager une partie de leurs activités vers des pays à fort potentiel comme le Maroc. La dernière annonce en date est la prochaine arrivée, sur le marché local, des services de centres d'appels des opérateurs téléphoniques Orange et SFR, sous l'enseigne de Teleperformance, le leader français du domaine. Les enjeux de cette délocalisation sont clairs chez ce groupe : réduire le coût de la main-d'œuvre et compléter sa restructuration en ramenant à 14 le nombre de sites actuels dans l'Hexagone (22). Une partie des huit sites restants sera supprimée (des emplois aussi), une autre sera conservée, mais à travers des fusions de plusieurs sites. L'annonce a suscité une véritable levée de boucliers syndicaliste et gouvernementale, qui s'est traduite à travers plusieurs manifestations d'humeurs des représentants des travailleurs de ces sites. Pendant ce temps, de l'autre côté du Détroit, le Maroc continue d'entretenir son attractivité auprès des services offshore. En effet, un récent rapport, publié par le cabinet de conseil américain en stratégie AT Kearney, cite le pays dans le Top 50 des meilleures destinations offshoring. Son principal atout : «La disponibilité de ressources humaines qualifiées, un facteur devenu prioritaire dans le choix des destinations des services offshore», explique-t-on chez le cabinet américain. L'arrivée de Teleperformance confirme cette note et, peut-être, laisse entrevoir une lueur d'espoir que ce secteur sera épargné du protectionnisme français. Un argument de plus qui vient s'ajouter à ceux déjà avancés par le patronat marocain, avec une récente lettre adressée à la structure française correspondante, le Medef, qui dénonçait une «des mesures protectionnistes» avancées par Laurent Wauquiez, Secrétaire d'Etat français à l'Emploi. Les prochaines assises des centres d'appels, promises par ce dernier pour la rentrée, s'annoncent, dès à présent, très chaudes.