Même si les indicateurs du secteur sont globalement bons, les opérateurs des call-centers ne cachent pas leur inquiétudes quant aux perspectives. La polémique de la délocalisation semble, certes, s'estomper, mais l'effet Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat français à l'Emploi, est toujours là. L'initiateur des récents débats anti-délocalisation continue de faire peur aux acteurs du marché. Selon le développement prévu pour les événements, c'est aujourd'hui que Wauquiez va se réunir en comité restreint avec les donneurs d'ordres et les grands prestataires, pour obtenir des mesures restrictives en matière de délocalisation. L'annonce publique de ces éventuelles mesures est, quant à elle, programmée pour les assises de l'offshoring censées se tenir en septembre-octobre. Incertitudes Interrogé sur l'état du dynamisme du secteur, Mohamed El Ouahdoudi, président de l'Association des centres d'appels et des services informatiques offshores du Maroc (Acasiom), affirme que les opérateurs ont augmenté la cadence. Il explique, également, qu'à cela la réaction du gouvernement français inquiet de voir des dizaines de nouveaux projets migrer vers le Maroc, y est pour quelque chose. Une manière de dire que l'heure est actuellement à l'anticipation et à la recherche d'options nouvelles pour se prémunir, au cas où la situation évolue de façon défavorable. En fait, la situation est préoccupante d'autant plus que certains métiers de l'offshoring, tels que le BPO et le développement informatique connaissent une stagnation qui dure depuis plusieurs années. S'agissant du BPO, les perspectives n'augurent rien de bon, surtout que les techniques de numérisation permettent désormais de maintenir en France des prestations qui auraient pu prendre la direction du Maroc. Aussi avec la crise, les grandes SSII ont dû faire face à des reports de projets, explique El Ouahdoudi. À cela s'ajoute une rumeur inquiétante selon laquelle, Sitel, l'un des grands opérateurs étrangers présents au Maroc, serait sur le point d'arrêter son activité. Selon une source anonyme, cette probable fermeture n'est pas liée aux récents événements (mesures anti-délocalisation de la France) mais plutôt à des difficultés économiques, car, la société aurait perdu plusieurs gros contrats, occasionnant des dizaines de licenciement. L'analyse tient la route, car le BPO, le segment qui va le plus mal aujourd'hui est le cœur de métier de Sitel. Toujours est-il que si cette nouvelle se confirme, ses conséquences seront désastreuses tant du point de vue économique que social, d'autant plus que Sitel emploie plus de 1.600 personnes à Casablanca et à Rabat. Le moral chancelant des opérateurs risquerait également de prendre un nouveau coup dur.