Les partisans du Polisario au sein de l'Union africaine viennent de créer une nouvelle instance, spécialement dédiée au soutien du Front au niveau du continent et à l'étranger. Un fervent défenseur du mouvement séparatiste, Joaquim Chissano, a été promu envoyé de l'UA pour le Sahara occidental. Une nomination en vue de compenser la perte d'influence du Polisario au sein du Conseil de sécurité. Le Polisario jubile. Le 23ème sommet de l'Union africaine, qui s'est clos dimanche, à Malabo en Guinée équatoriale, sous la présidence du mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a approuvé la nomination d'un envoyé spécial de l'UA pour le Sahara occidental. Une première qui couronne des revendications de l'Algérie, soutenues notamment par l'Afrique du sud. C'est l'ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, (1986-2005), qui a été élu à ce poste. L'homme est connu pour ses positions en faveur des thèses du Polisario. Il avait notamment effectué, en décembre 2004, une visite dans les camps de Tindouf. Et même s'il a été contraint de quitter le pouvoir, il continue à travers sa fondation de défendre activement les mêmes idées. Une fondation qui aurait un côté cour, en 2010, un câble américain révélé par Wikileaks avançait que Chissano serait impliqué dans un réseau de trafic de drogue (cocaïne et cannabis). Un défi pour le Maroc En dépit de la crise qui frappe les caisses de l'Union africaine qui ont perdu plus de 45% de leurs recettes à cause de la chute du régime de Kadhafi en Libye, l'UA s'offre les services d'un nouvel envoyé spécial pour le Sahara. Sans aucun doute, c'est à Alger et Pretoria que revient de régler les frais des déplacements de Joaquim Chissano et de son staff en Afrique et dans le reste du monde. Avant même l'annonce officielle de sa nomination par les chefs d'Etats de l'UA, l'ancien président mozambicain a déjà tenu des consultations avec des représentants des Nations Unies et du Club des amis du Sahara occidental. Dans les prochains mois, Chissano effectuera une tournée des capitales directement concernées par le conflit. En janvier 2015, à l'occasion du 24ème sommet de l'Union africaine, il devrait présenter un rapport, soit trois mois avant le vote d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara. Un nouveau défi attend la diplomatie marocaine. Lors de son périple, Chissano portera la principale demande du Polisario d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental. C'est d'ailleurs l'objectif d'une nomination qui vise essentiellement à pallier la perte de grands soutiens du Polisario au sein du Conseil de sécurité. En effet, après l'expiration du mandat de l'Afrique du sud en décembre 2013, le Nigéria, autre pays qui reconnait la "RASD", n'a pu remplir efficacement ce rôle.