Le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Paris à 750 euros d'amende et 2 000 euros de dommages et intérêts, pour injure raciale. Le ministre n'a pas pris part à l'audience, mais un de ses avocats, Me Nicolas Bénoit, a indiqué que Brice Hortefeux fera «immédiatement» appel. Brice Hortefeux a été condamné pour ses propos tenus en septembre 2009, lors d'une conversation avec un militant UMP d'origine maghrébine, Amine Benalia-Brouch. C'était pendant l'université d'été des Jeunes du parti majoritaire à Seignosse (Landes). Les mots du ministre avaient suscité une grande polémique dans les médias. Il avait exprimé des «regrets», en stipulant que ses déclarations avaient fait l'objet «d'une interprétation totalement inexacte». Ce qui n'avait pas empêché le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) de porter plainte contre Hortefeux, pour délit d'injures publiques à caractère racial. Lors du procès du 16 avril, le parquet avait bien reconnu des propos «outrageants» et «méprisants» de la part du ministre. Cependant, il avait finalement demandé la relaxe, justifiant que les paroles incriminées n'avaient pas forcement un caractère public. Sur ce point, le tribunal a suivi le parquet et a jugé que l'injure n'était pas publique mais qu'elle stigmatisait les «Arabes» comme étant une source de problèmes. Pour cela, le ministre a été condamné pour «injure non publique à caractère racial». Une injure publique à caractère racial aurait pu lui valoir jusqu'à 6 mois d'emprisonnement et 22 500 euros d'amende. Les réactions se sont multipliées après cette condamnation symbolique. Dalill Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, qui avait apporté son soutien à Hortefeux, a confié au Point.fr «être désolé pour ce grand ministre, ami de l'Islam et des musulmans». Pour le directeur général de SOS Racisme, Guillaume Ayné, interrogé par le Nouvel Observateur, ce procès qui a une «vertu pédagogique (…) vient rappeler la nécessité de retenue dans la parole publique». Les Socialistes ont réclamé une fois de plus la démission du ministre de l'Intérieur, au nom de «l'exemplarité» républicaine prônée par Nicolas Sarkozy. «La dignité dans cette affaire, c'est d'abord de s'excuser et ensuite de partir», a déclaré le porte-parole du PS Benoît Hamon lors d'un point de presse.