Dominique de Villepin donne l'impression d'avoir voulu faire la grande synthèse de toute cette vague de critiques internationales qui s'abat sur la France et sur son président. Dans toute cette effervescence contre Nicolas Sarkozy et sa nouvelle politique sécuritaire contre les Roms, il y avait au moins une posture qui était prévisible. C'était celle de l'ancien Premier ministre et ennemi intime du président de la République, Dominique de Villepin. Personne ne s'attendait ni à ce qu'il reste les bras croisés face à ce débat qui remet en cause, selon l'opposition, certains fondamentaux de la République, ni à ce qu'il applaudisse des deux mains le nouveau tour de vis opéré à Grenoble. C'est que Dominique de Villepin, fondateur de la toute nouvelle République Solidaire, commençait à patiner, depuis quelques temps, dans le vide, impression accentuée par la confusion qui marque sa relation avec l'UMP de Nicolas Sarkozy. L'homme qui s'est imposé comme mission d'écrire le plus dur plaidoyer contre la gouvernance Sarkozy, s'est soudain senti dépassé par la multiplication des détracteurs du président de la République. Les nombreuses affaires d'abus d'argent public, l'accusation de détournement d'impôts subie pendant tout l'été par son ministre du Travail Eric Woerth, avaient fini par exciter les consciences et les haut-le-cœur. Puis est venue l'affaire des Roms et la décision stratégique de Nicolas Sarkozy de les démanteler et d'expulser leurs indésirables locataires comme un gage de fermeté de détermination de lutte contre l'immigration clandestine et l'insécurité. L'église, les Nations unies, la presse internationale, l'opposition à domicile, une grande partie de la majorité présidentielle, ont critiqué de manière abrasive la politique estivale du président de la République. En sortant sa formule sur Nicolas Sarkozy et la tache de honte qu'il inflige au drapeau national, Dominique de Villepin donne l'impression d'avoir voulu faire la grande synthèse de toute cette vague de critiques internationales qui s'abat sur la France et sur son président. Avant de remuer bruyamment le couteau dans la plaie en tentant de dire tout haut ce que de nombreux cercles ont du mal à taire : «Cette politique n'est pas la politique de la droite et ce n'est pas l'intérêt de notre pays (…) Est-ce que les gaullistes se retrouvent dans cette politique, est-ce que les démocrates-chrétiens se retrouvent dans cette politique, est-ce que les catholiques sociaux, les catholiques de gauche se retrouvent dans cette politique?». Et comme porté par un vent favorable, un petit événement sans grande importance mais d'une symbolique particulière est venu renforcer la dialectique De Villepin. Le militant UMP Amin Benalia-Brouch qui avait accédé à une notoriété nationale à cause de railleries jugées racistes de Brice Hortefeux sur «Les Auvergnats», a décidé de quitter l'UMP et de rejoindre… Dominique de Villepin. Ce dernier rêve à haute voix de voir les cohortes de militants abandonner le navire Sarkozy pour rejoindre sa nouvelle formation. L'UMP a tout fait pour minimiser l'incident en affirmant qu'il s'agit d'un cas isolé qui ne porte pas à conséquences. Dominique de Villepin doit être optimiste et serein pour l'avenir de sa formation. Avec certains membres de la majorité qui choisissent de plus en plus ouvertement la voix de la dissidence et du défi à l'encontre de Nicolas Sarkozy, certains finiront bien dans son escarcelle pour le renforcer et l'aider à mener les prochaines batailles.