Le ministre français de l'Intérieur anime toujours la polémique. Alors que certains attendaient des excuses à la suite de la publication d'une vidéo dans laquelle il tenait des propos jugés racistes, Brice Hortefeux a surpris en exprimant tout simplement ses regrets. Au moment où ces regrets sont acceptés d'un côté, l'affaire est close pour d'autres. Mais il reste encore certains qui persistent et signent pour demander sa démission, ou portent plaintes contre lui. Lundi 14 septembre, Brice Hortefeux était invité d'honneur au dîner de la rupture du jeûne au pavillon Dauphine par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Il en a profité pour s'adresser au CFCM, aux musulmans et à ses détracteurs. « Je suis ému de penser que, du fait d'un certain tohu-bohu médiatique et d'une interprétation totalement inexacte, des personnes ont pu être blessées dans leur être et leurs convictions », a déclaré le ministre. « Au-delà d'une polémique inutile et injuste, j'exprime mon respect pour tous les Français, celles et ceux qui vivent sur notre sol, quelles que soient leur religion, leurs convictions », a-t-il poursuivi. Il ira jusqu'à dire d'après Le Figaro que « l'islamophobie n'a pas sa place dans notre pays ». Toutefois, à la fin de son intervention, il a insisté sur le fait qu'il « refuse et récuse les procès d'intention et les postures ». Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a accepté les « regrets » exprimés par Hortefeux. « Le ministre de l'Intérieur (...) a exprimé ses regrets. Pour nous c'est suffisant. Je pense que la sincérité de ses propos a touché l'ensemble de ceux qui étaient présents » a déclaré Mohammed Moussaoui sur la radio Europe 1. Auparavant, le samedi, le mis en cause avait déjà bénéficié d'un soutien de taille, celui de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris. Le CFCM qui a accepté les regrets d'Hortefeux n'avait rien laissé au hasard pour cette rencontre. Autour d'une table, protégée de près par un cordon de gardes du corps en civil à oreillettes il y avait outre Brice Hortefeux, Fadela Amara, la secrétaire d'état à la Ville ainsi que des responsables religieux de France. Des ambassadeurs de pays arabo-musulmans étaient également conviés. Par la suite, les soutiens fusaient de tous les côtés. Même chez les personnes ayant déjà fait les frais de l'humour douteux de Brice Hortefeux, comme Fadela Amara ou Rachida Dati. Cette dernière a d'ailleurs déclaré sur RTL, que les propos d'Hortefeux n'étaient pas de « l'humour », mais « une maladresse », et qu'il fallait « tourner la page ». Dimanche, plusieurs ministres ont apporté leur soutien à Hortefeux, en applaudissant notamment un discours du secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, rapporte 20 Minutes. Seule Rama Yade, la secrétaire d'Etat aux Sports, également présente n'a pas applaudi. Côté associations de défense des droits humains, les discours sont désormais différents. Pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), la polémique née de cette affaire est « close ». Au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) on ne l'entend pas de cette oreille. Réuni le lundi 14 septembre, son Bureau exécutif, a décidé de faire citer devant le tribunal correctionnel du chef de diffamation à caractère raciste Brice Hortefeux, pour les propos profondément humiliants et attentatoires à la dignité et la considération des personnes d'origine arabe. Il réclame en plus sa démission du gouvernement. Quant au Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), il a pris note des regrets du ministre. Mais ce mouvement attend des réponses concrètes contre le racisme et les discriminations.