Le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux a réaffirmé, en sa qualité de chargé du Culte, son entière détermination à garantir à l'islam en France "les moyens de s'exercer dans la sécurité et la sérénité", tout en se disant "hostile au communautarisme". "L'islam de France est un islam de paix et vous pouvez compter sur mon entière détermination, aux côtés du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) et des Conseils régionaux du cultes musulman (CRCM), pour qu'il ait toujours les moyens de s'exercer dans la sécurité et la sérénité", a-t-il dit lors d'un Iftar organisé, mardi à Paris, par le CFCM. Rappelant les avancées réalisées depuis la création du CFCM en 2002, M. Hortefeux a assuré de poursuivre la mobilisation pour améliorer les conditions relatives à l'exercice du culte musulman. Il a notamment évoqué les chantiers de l'abattage rituel, de l'aménagement de carrés musulmans dans les cimetières, de l'organisation du pèlerinage et de l'amélioration du statut et de la formation des aumôniers musulmans. Tout en étant respectueux des communautés, M. Hortefeux s'est dit "hostile au communautarisme", qui consiste à "réduire chacun à son appartenance à telle ou telle communauté". "Nous ne voulons pas que les différentes communautés qui composent notre pays s'ignorent ou se replient sur elles-mêmes dans une France qui serait une France balkanisée", a-t-il affirmé. Evoquant les relations entre l'Etat et les représentants des musulmans en France, le ministre a indiqué qu'en moins de dix ans, le CFCM est devenu l'interlocuteur "responsable, fiable et incontournable des pouvoirs publics", soulignant que "jamais le dialogue entre la république et la communauté musulmane n'a été aussi dense et aussi approfondi". Il a fait part de sa disposition à "poursuivre et enrichir ce dialogue régulier et fructueux", évoquant à cet égard le projet entrepris par le président du CFCM, Mohamed Moussaoui, pour faire évoluer les instances du Conseil, de manière à ce que chacune des composantes de l'islam se trouve légitimement représentée en son sein. Il a, à ce titre, appelé à la mobilisation de la communauté musulmane pour réussir les élections de renouvellement des instances du CFCM, prévues au printemps prochain. Le ministre a, par ailleurs, fait état de 220 "actions" et 806 "menaces" recensées en 2009, dont 314 concernaient tout particulièrement les musulmans en France, auxquelles s'ajoutent six actions violentes visant des mosquées ou lieux de culte, assurant que "l'Etat n'oublie pas et ne lâche rien". "Chaque fois qu'un citoyen est attaqué pour ce qu'il est ou pour ce à quoi il croit, c'est l'ensemble de la communauté nationale qui est attaquée et chaque fois qu'un lieu de culte est dégradé ou qu'une tombe est dégradée, c'est l'Etat tout entier qui se mobilise pour retrouver et faire condamner les coupables", a-t-il affirmé. Estimant nécessaire de "mieux connaitre" ces actes antimusulmans afin de "mieux les combattre", il a rappelé la signature en juin avec le CFCM d'une convention cadre pour la mise en œuvre d'un suivi statistique et opérationnel des actes hostiles aux musulmans de France. Pour sa part, M. Moussaoui, a déploré que "l'emballement médiatique et politique autour de la place de l'islam et de sa capacité à s'intégrer dans la société, les dérapages qui ont émaillé les débats sur l'identité nationale, le voile intégral, la votation suisse sur l'interdiction des minarets, le halal, ont nourri une forme de crispation et menacé le vivre-ensemble". "Notre propos n'est nullement d'entonner un quelconque refrain victimaire, mais force est de constater que les débats se sont transformés en une polémique sur l'islam", a-t-il toutefois relevé, précisant que "des formes d'instrumentalisation ont stigmatisé l'ensemble des musulmans de France de manière choquante et ont suscité chez eux interrogations, incompréhension et inquiétudes". Seule consolation selon lui, c'est "l'élan de solidarité et de soutien exprimés par les forces vives de la Nation, ainsi que les rappels des principes qui fondent la République", qui ont renforcé "notre confiance dans la capacité de notre Pays à endiguer ce phénomène avec la fermeté et le volontarisme nécessaires". Pour lui, "la crainte légitime de l'intégrisme ne doit pas se transformer, au prix d'amalgames et d'un certain populisme, en un rejet de l'islam et des Musulmans" de France qui sont "dans leur immense majorité des citoyens responsables qui respectent le pacte civique et adhèrent totalement aux valeurs qui régissent notre pays". Par ailleurs, M. Moussaoui a fait part de sa compassion envers les deux journalistes de France3 Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, otages en Afghanistan, précisant que le CFCM prie pour leur retour immédiat. "Qu'il me soit permis d'élever des prières, en ce moment de bénédiction, pour que toutes les personnes privées injustement de leur liberté ou menacées dans leur vies retrouvent très vite leurs familles et leurs proches", a-t-il dit. Ont notamment assisté à cette 3ème édition de l'Iftar du CFCM, les deux Secrétaires d'Etat Nadine Morano et Fadéla Amara, les présidents des instances représentatives des cultes catholique, protestant et juif en France, le recteur de la grande mosquée de Paris, M. Dalil Boubakeur, ainsi que des ambassadeurs, des parlementaires et des élus de la ville de Paris.