Le président du CFCM estime «suffisants» les regrets de Brice Hortefeux pour clore cette polémique. Plombé par une affaire de racisme ordinaire qu'Internet a portée aux nues, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux se débattait depuis quelques jours, tel un animal blessé, pour trouver la meilleure porte de sortie de ce cyclone. Allait-il se mettre à genoux avec contrition et demander pardon à tous ceux que ses propos politiquement graveleux ont pu blesser ? Allait-il présenter ses plates excuses aux Français d'origine arabe qui ont dû se sentir amoindris par d'aussi horribles insinuations ? La question des plates excuses, même exigée par certains, était exclue par beaucoup. Et ce, pour au moins deux raisons essentielles. La première est que l'autocritique et l'excuse sont incompatibles avec le tempérament de matador qu'avait affiché Brice Hortefeux depuis son intrusion dans le champ public. La seconde raison est qu'à supposer que pour des raisons de haute politique, Nicolas Sarkozy exige de son ministre de l'Intérieur et son ami de trente ans, des excuses publiques, les présenter signifie reconnaître la portée raciste de sa posture et aurait automatiquement abouti à une démission immédiate. Un ministre de l'Intérieur ne peut logiquement avoir pour vocation d'exciter les fractures sociales et ethniques d'une société. La bataille pour «les excuses» a fait rage depuis le début. Brice Hortefeux a, depuis sa première réaction, exclu cette possibilité : «pour qu'il y ait excuse, il faudrait qu'il y ait culpabilité ou faute». Cette attitude avait la bénédiction de l'Elysée. Un des plus influents conseillers de Nicolas Sarkozy avait balayé d'un revers de la main cette hypothèse : «Brice Hortefeux n'est absolument pas raciste et tous ses amis, tous ceux qui l'approchent, le savent. Pourquoi voulez-vous qu'on s'excuse de quelque chose qui n'existe pas?». Alors la stratégie a été trouvée de sortir par la porte «des regrets» qui peut être «aux excuses» ce que l'aspartame est au sucre. Le théâtre de cette opération est le Conseil français du culte musulman (CFCM) à l'occasion d'un «Iftar» organisé en présence du ministre à la langue fourchue. Il faut dire qu'avec le CFCM et la Mosquée de Paris, Brice Hortefeux était en terrain ami et bienveillant. Le président du CFCM, le Franco-Marocain Mohamed Moussaoui décrit Brice Hortefeux comme «un interlocuteur respectueux» pour la communauté musulmane auprès de qui il n'a trouvé «qu'écoute, attention et volontarisme». Dalil Boubaker, le Franco-Algérien recteur de la Mosquée de Paris avait assuré lui que le ministre de l'Intérieur n'avait «eu que des paroles de respect et d'aménité pour toute la communauté musulmane de France». Et c'est donc devant cette tribune que Brice Hortefeux avait dégainé le coup susceptible d'éteindre l'incendie qui ravage son image et menace son avenir politique qu'on dit prometteur : «Je suis ému de penser que, du fait d'un certain tohu-bohu médiatique, et d'une interprétation totalement inexacte, des personnes ont pu être blessées dans leur être et leurs convictions (…) Je veux donc vous dire mes regrets». L'opération qui consistait à exfiltrer Brice Hortefeux de ce marécage semble connaître quelques succès. Mohamed Moussaoui, le très discret président du CFCM estime «suffisants» les regrets de Brice Hortefeux pour clore cette polémique et d'ajouter : «Je pense que la sincérité de ses propos a touché l'ensemble de ceux qui étaient présents». L'autre réaction intéressante à noter est celle de l'ancienne ministre de la Justice et actuelle député européenne et maire du 7ème arrondissement de Paris, Rachida Dati. Celle qui, dans une autre vie aurait traité Brice Hortefeux de «gros raciste», dit aujourd'hui : «Pour moi, le racisme, c'est pas de l'humour, c'est une infraction pénale, donc on n'est pas là-dedans (…) Maintenant, je considère que la polémique est derrière nous. J'entends les regrets qu'il a présentés hier et de manière très courageuse». L'autre voix discordante pourrait être celle de Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Sports dont une vidéo sur Internet montre le refus ostensible d'applaudir Xavier Bertrand, le patron de l'UMP lorsqu'il a voulu haranguer l'assistance avec cette phrase : «nous apportons notre soutien à Brice Hortefeux».