Le ministre français de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux, éclaire la politique de «l'immigration choisie». Depuis sa nomination à la tête d'un ministère à la dénomination polémique, associant immigration et identité nationale, Brice Hortefeux a passé le plus clair de son temps ministériel à justifier l'appellation de sa nouvelle administration. A coup de tribunes libres dans la presse dite de gauche, de participations dans des colloques savants sur la question, d'entretiens individuels avec des leaders d'opinions suspectant une possible dérive extrémiste de son ministère, Brice Hortefeux avait tenté un vrai travail de pompier des inquiétudes naissantes et des interrogations aigues sur ce que va être la politique d'immigration de la France sous l'ère Sarkozy. Dans l'une de ses tribunes, il écrit «si le modèle social français, dont l'ambition est l'équité, est aujourd'hui en panne, ce n'est pas à cause des mots, mais bien en raison d'un manque de politique qui porte un nom. Le racisme et la xénophobie proviennent de l'absence d'idées, et non de l'addition de mots». D'ailleurs, malgré les signes d'ouverture politique et ethnique dont il a fait preuve, Nicolas Sarkozy était toujours sous le coup d'accusation d'avoir fait main basse sur l'héritage de l'extrême droite pour pouvoir séduire une majorité de Français, gagner l'Elysée et d'être obligé, une fois élu, de donner des gages de fidélité à cet électorat particulier. A part l'idée directrice d'une « immigration choisie », Brice Hortefeux n'avait pas eu encore l'occasion de dévoiler sa politique. Il est vrai que le sujet était «écrasé» par les multiples voyages du président Sarkozy aux pays du Maghreb et en Afrique subsaharienne. Les effets d'annonces en la matière étaient strictement réservés à la présidence. Brice Hortefeux a formalisé les besoins et les ambitions de la France en matière d'immigration : «Nous avons besoin d'une immigration choisie et concertée. La priorité doit donc être donnée à l'immigration de travail, légale et maîtrisée. Elle ne représente actuellement que 7% des flux. Notre objectif est de parvenir à 50%». Le ministre français chargé de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale vient donc de lever un coin de voile sur son approche de cette question délicate. Après avoir évalué « entre 200.000 et 400.000 » le nombre d'étrangers clandestins en France, Brice Hortefeux a redit avec force sa détermination à les renvoyer dans leurs pays. Citant des exemples des actions de fermeté déjà engagées, le ministre rappelle les «10.000 personnes (qui) ont été contrôlées depuis le début de l'année. Dans ce cadre, 275 employeurs et 536 étrangers ont été interpellés. C'est une augmentation de 300% en un an». Brice Hortefeux s'en prend ouvertement aux entreprises qui emploient de la main-d'œuvre clandestine en leur adressant des avertissements solennels. Ces employeurs sont, affirme Brice Hortefeux, «depuis le 1er juillet dans l'obligation de saisir les préfectures afin que celles-ci vérifient la validité des titres de séjours de tout étranger candidat à un travail» avant l'annonce martiale : «Nous ne fermons plus les yeux». Le Parti socialiste français l'a pris au mot et lui a lancé le défi d'aller jusqu'au bout de sa logique : «Jusqu'ici, la droite n'a jamais montré la moindre volonté de sanctionner les patrons voyous. Nous mettons Brice Hortefeux au défi de s'attaquer aux employeurs de clandestins, marchands de sommeil et réseaux mafieux d'immigration clandestine». Brice Hortefeux affronte une autre polémique interne sur les mécanismes de contrôle des entreprises qui prospèrent par le travail des clandestins. La fronde est menée par les syndicats des inspecteurs du travail : «Le gouvernement assimile de manière inacceptable le travail illégal et une situation irrégulière des personnes étrangères», a dénoncé la CGT. «Que le ministre de l'Immigration coopère avec le ministre du Travail, il n'y a pas de problème, mais on ne comprend pas comment le ministre de l'Immigration peut s'appuyer sur les inspecteurs du travail pour faire appliquer la loi. Cela induirait à une double hiérarchie», renchérit un autre syndicat. Le discours de Brice Hortefeux se trouve pris en otage entre la nécessité sécuritaire et politique de lutter contre l'immigration clandestine porteuse de tous les germes d'instabilité et l'inestimable profit que semble tirer de larges secteurs de l'économie française de cette main-d'œuvre bon marché et corvéable à merci.