L'Etat et l'ONEE viennent de signer le contrat-programme qui permettra d'éviter la faillite de l'Office. Pour sa réalisation, le gouvernement prône un effort partagé de 45 milliards de dirhams, dont 14 milliards supportés directement par les ménages. Une mesure qui se matérialisera par la hausse des tarifs au lendemain du mois de ramadan. Détails. Il faut sauver l'Office nationale d'électricité et de l'eau potable (ONEE). Et cela nécessite «un effort partagé», afin de «rétablir la viabilité financière de l'ONEE et assurer les meilleures conditions pour la satisfaction de la demande nationale en électricité et en eau potable», indique un communiqué du département du chef du gouvernement publié à, l'issue de la signature, lundi 26 mai, du contrat-programme pour la période 2014-2017. Augmentation des tarifs dès le 1er août Et pour un effort partagé, ça en est un. Sur les 45 milliards de dirhams nécessaires à la réalisation de ce contrat-programme, 13,950 milliards de dirhams, soit 31% du montant global sera directement supporté par les ménages marocains. Cela se fera via un ajustement tarifaire progressif et réparti à partir du 1er août 2014, sur la période 2014-2017. Toutefois, assure le gouvernement, il n'y aura «aucun impact sur la tranche sociale des ménages dont la consommation mensuelle d'électricité est inférieure à 100 KWh par mois, au profit de 4,1 millions d'abonnés et sans aucun impact sur la tranche sociale des ménages dont la consommation mensuelle d'eau ne dépasse pas 6m3 par mois, au profit de 2,2 millions d'abonnés». En outre, le gouvernement promet la mise en œuvre de la facturation individuelle pour les ménages desservis par un compteur commun, afin de les faire bénéficier des avantages de la tranche sociale. Aussi, l'Office poursuivra, à partir de cette année, le programme INARA pour le remplacement progressif de 10 millions de lampes à incandescence par des lampes de basse tension chez les clients résidentiels et administratifs. Le but étant d'assurer une maitrise de la demande en électricité. Le gouvernement et l'ONEE se partageront le reste Pour sa part, le gouvernement s'est engagé à un effort financier global de 22 milliards de dirhams, dont 13 milliards et 947 millions de dirhams dans la cadre de l'appui financier direct à l'ONEE pour atténuer les coûts de production de l'Office au titre du Fioul pour la période limitée de 2014-2017. L'autre part servira - entre autres - à la recapitalisation de l'Office pour le règlement des dettes fournisseurs, à la contribution au financement des projets de généralisation de l'accès à l'eau potable en milieu rural. A noter que le contrat-programme prévoit d'en porter le taux d'accès de 94% en 2013 à 96,5% en 2017 et celui de l'électricité de 98,5% à fin 2013 à 99,7% à fin 2017. Le reste du financement du contrat-programme proviendra des économies de gestion et d'exploitation dégagées par l'ONEE. D'après le quotidien L'Economiste, il s'agirait - entre autres - des économies sur les achats, la réorganisation industrielle, ainsi que la cession d'une partie du patrimoine immobilier et des participations dans certaines filiales comme Tahaddart. «Changer les comportements des consommateurs» Selon le ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Abdelkader Amara, la réduction du gap entre le coût de revient et le prix de vente de l'électricité n'est pas le seul effet recherché par cette augmentation des tarifs. Le gouvernement vise également «l'efficacité énergétique, c'est-à-dire une consommation intelligente qui devra changer les comportements des consommateurs qui devront se familiariser avec les notions de tranches, de tarification sélective, de période de pointe, de lampe de basse consommation, etc.», a-t-il expliqué dans un entretien avec Les Eco. Cette augmentation des tarifs, étaits pressentie depuis longtemps, d'autant plus que les difficultés financières de l'Office n'étaient plus un secret. La demande d'électricité étant en évolution constante (prévision d'une hausse de 5,3% sur la période 2014-2017), l'Office s'est toujours plaint de vendre à perte depuis plusieurs années. Mais dans les couloirs de l'Office, on a souvent décrié un sérieux problème de gestion. Ce coûteux plan de sauvetage de l'ONEE est d'ailleurs conduit par les mêmes personnes qui ont mené l'Office à la faillite. La pillule aura du mal à passer pour le consommateur.