C'est fait. La hausse des tarifs de l'électricité interviendra dès le mois d'août prochain. En effet, le gouvernement vient de signer un nouveau contrat-programme avec l'Office national de l'eau et de l'électricité (ONEE). Comme nous l'avons annoncé dans nos précédentes éditions, seuls les ménages dont la consommation en électricité mensuellement est inférieure à 100 kwh, seront épargnés par la hausse. Le gouvernement demande au reste des familles marocaines de s'impliquer dans l'effort de sauvetage de l'ONEE, déficitaire depuis quelques années. Car la hausse des tarifs coûtera aux familles marocaines durant les quatre prochaines années pratiquement 14 milliards de dirhams. «Du côté des abonnés, l'effort d'ajustement tarifaire permettra un effort progressif et réparti à partir du 1er août 2014, sur la période 2014-2017 de 13 milliards et 950 millions de dirhams, sans aucun impact sur la tranche sociale des ménages dont la consommation mensuelle d'électricité est inférieure à 100 KWh par mois, au profit de 4,1 millions d'abonnés et sans aucun impact sur la tranche sociale des ménages dont la consommation mensuelle d'eau ne dépasse pas 6m3 par mois, au profit de 2,2 millions d'abonnés», souligne un communiqué du chef de gouvernement. Mais il faut dire que le plus gros des efforts financiers pour sauver l'ONEE de la situation actuelle sera consenti par l'Etat sur une période de quatre années. «Pour l'Etat, le contrat-programme se traduira ainsi par un engagement financier global de l'ordre de 22 milliards de dirhams», ajoute la même source. L'Office n'est pas en reste non plus puisqu'il sera amené à se serrer la ceinture afin d'économiser pas moins de 8 milliards. «Pour l'ONEE, le contrat-programme se traduira par des économies dégagées par l'Office pour un montant de l'ordre de 8 milliards et 200 millions de dirhams, sur la période 2014-2017», annonce le communiqué. Pour réunir cette somme, l'Office sera obligé de faire plus d'efforts pour rationnaliser ses charges par l'optimisation de la production, de la distribution et l'amélioration du rendement des réseaux. La cession et la valorisation du patrimoine non lié directement aux activités de l'Office figurent également dans le plan de redressement. Bien évidemment, le nouveau contrat-programme est destiné principalement à sauver les finances de l'ONEE. En outre, les efforts financiers qui seront consentis permettront à l'Office de sécuriser ses investissements pour les prochaines années. Il est également question de sauver les entreprises marocaines, notamment les PME qui souffrent en raison des retards de paiement du fait des difficultés financières de l'Office. «Un suivi et une évaluation rapprochés, périodiques et professionnels, seront assurés et un pilotage politique sera conduit au niveau du chef de gouvernement, en vue de réunir les conditions de réussite de la mise en œuvre des encagements pris dans le cadre du contrat-programme», conclut le communiqué du chef de gouvernement. Situation financière de l'ONEE: Des chiffres alarmants Les chiffres les plus récents témoignent d'une situation financière critique au sein de l'ONEE. En effet, l'Office affiche à fin 2013 un résultat net déficitaire de 2,7 milliards de dirhams et qui atteindra, en l'absence de toute réforme, les 7 milliards de dirhams en 2017. Aussi, les capitaux propres de l'ONEE sont négatifs de 4,3 milliards de dirhams et qui atteindront, en l'absence de toute réforme, 28 milliards de dirhams en 2017. Dans le même sillage, la dette de l'Office se chiffre à 51,8 milliards de dirhams, en plus d'un engagement au titre de la caisse interne de retraite de 17,95 milliards de dirhams. De ce fait, l'ONEE dégage une trésorerie nette négative de 7,5 milliards de dirhams et qui atteindra, en l'absence de toute réforme, les 38 milliards de dirhams en 2017. De plus, les retards de paiement sont de l'ordre de 2,3 milliards de dirhams vis-à-vis de 1.422 entreprises nationales et 181 entreprises étrangères. Cette situation constitue aujourd'hui une menace importante pour la satisfaction de la demande nationale en produits vitaux sur le plan socio-économique et des risques pour un tissu d'entreprises actives dans ce domaine en tant que fournisseurs de l'ONEE et ce, au regard des montants et des délais de paiements importants mettant en péril ce tissu. De même, l'urgence de cette situation est d'autant plus marquée qu'elle concerne un secteur vital et une entreprise nationale de renommée, qui regorge de compétences et d'experts nationaux de grande qualité et qui ont participé à la réussite de la stratégie du Maroc dans ce domaine, permettant d'accompagner le développement socio-économique de notre pays et la croissance de la demande nationale en la matière et de porter le taux d'électrification rurale à 98,5% à fin 2013, contre 18% en 1995 et l'accès à l'eau potable en milieu rural à 94% en 2013, contre 14% en 1994. Le détail des 45 milliards de dirhams Au regard de la situation critique de l'ONEE et de sa position stratégique, et dans le cadre de sa démarche d'anticipation et des réformes agissantes, le gouvernement a entamé depuis plus d'une année un travail profond de concertation et de préparation aboutissant à la finalisation de ce contrat-programme actionnant tous les leviers possibles de redressement. C'est ainsi que le montant total de l'effort de redressement s'élèvera, entre 2014 et 2017, à environ 45 milliards de dirhams. Ce montant sera assuré à hauteur d'environ 70% par un effort financier de l'Etat et des économies de gestion et d'exploitation dégagées par l'ONEE. Le reste sera assuré par des ajustements tarifaires répartis à partir du 1er août 2014 sur la durée du contrat-programme, pour assurer l'adéquation nécessaire entre le prix de revient et le prix de vente de ces produits, sachant que l'électricité est vendue aujourd'hui à perte par l'ONEE, à une proportion alarmante en 2012 atteignant 30,2 centimes par kilowatt, soit 28% du coût de revient de l'électricité. C'est ainsi que pour l'Etat, le contrat-programme se traduira par un engagement financier global de l'ordre de 22 milliards de dirhams, et qui consiste, pour la période 2014-2017, en 2 milliards de dirhams de dotations en capital pour la recapitalisation de l'Office, affectés, en priorité, au règlement des dettes des fournisseurs et notamment des petites et moyennes entreprises. Aussi, 13,947 milliards de dirhams dans la cadre de l'appui financier direct à l'ONEE pour atténuer les coûts de production de l'Office au titre du fioul pour la période limitée de 2014-2017. Au même titre, 600 millions de dirhams seront déboursés pour le maintien de l'appui de l'Etat pour la contribution au financement des projets de généralisation de l'accès à l'eau potable en milieu rural et 2,383 milliards de dirhams au maintien de l'appui de l'Etat pour le financement des projets d'assainissement liquide dans le cadre du programme national d'assainissement liquide. Enfin, 3 milliards de dirhams seront alloués au remboursement par l'Etat du crédit de la TVA.