La pression sur les frontières de Ceuta et Melilla avec le Maroc s'accentue. Le royaume et son voisin espagnol ont décidé de la mise en place prochaine d'une commission mixte chargée de gérer la question liée à la réadmission des migrants dans le cadre de l'accord bilatéral. Le 26 mars prochain à Tanger, le Maroc et l'Espagne vont constituer une commission mixte pour relancer l'accord bilatéral de réadmission des immigrés, a annoncé en conférence de presse mercredi à Ceuta le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, rapporte Europa Press. Il a fait le déplacement dans la ville autonome pour constater l'état de la clôture frontalière après les multiples tentatives d'assauts d'immigrants ces dernières semaines. Lundi dernier encore, 1 600 migrants ont pris d'assaut la frontière grillagée séparant Ceuta du Maroc. Mais aucun d'eux n'a réussi à atteindre le territoire sous contrôle espagnol. La commission traitera les questions qui créent la polémique autour de l'accord bilatéral Selon le ministre qui s'est également rendu à Melilla ce jeudi, la commission mixte hispano-marocaine travaillera non seulement sur le cadre de la réadmission des migrants, mais se penchera également sur les «questions litigeuses découlant de l'application» de l'accord bilatéral. Le gouvernement espagnol avait, en effet, été accusé de violation des droits de l'homme, suite aux événements du 6 février dernier. La garde civile à la frontière de Ceuta avait renvoyé vers le Maroc des migrants arrivés irrégulièrement, et cela s'était fini dramatiquement avec la mort de 16 d'entre eux. Criblé de toute part par les critiques, Madrid avait demandé au Maroc, d'inclure la réadmission systématique dans l'accord bilatéral signé en 1992 et officialisé en 2012. Mais les avocats espagnols avait clairement fait savoir qu'une telle mesure était «juridiquement inadmissible», en vertu de la loi sur les étrangers en vigueur en Espagne. S'exprimant à ce sujet, Jorge Fernandez Diaz a assuré que son pays «ne fait pas de réadmission systématique». «Si par réadmission systématique on entend qu'une personne ayant réussi à entrer irrégulièrement dans notre pays, qui se trouve près du périmètre frontalier et en dehors des dispositions de la législation sur l'immigration, est renvoyé vers le pays d'où il vient, cela n'existe pas. Si tel est le cas, ce n'est pas normal», a-t-il dit. D'après lui, un migrant n'est entré sur le sol espagnol que s'il arrive à passer les contrôles policiers. «Si la garde civile l'en empêche, on ne parlera pas de réadmission systématique, car il n'est pas entré» en Espagne, affirme le ministre. «Mettre à profit les relations avec le Maroc» L'Etat ibérique met actuellement un sacré coup d'accélérateur dans la gestion de l'immigration irrégulière. Il prévoit de renforcer la sécurité au niveau de la frontière de Ceuta avec le Maroc, la plus en proie aux lourds assauts. Ainsi, il y procédera très bientôt à la construction d'une «clôture anti-escalade», la mise en service permanente d'un hélicoptère pour aider à la surveillance de la frontière, ainsi que le renforcement des troupes de la garde civile avec une vingtaine d'officiers spécialisés en émeutes. Jorge Fernandez Diaz s'attend à la recrudescence des tentatives d'entrée irrégulières à Ceuta et Melilla. «C'est évident, mais en mettant à profit nos relations [avec le Maroc, ndlr], nous pourrons combattre ce trafic criminel de personnes». C'est d'ailleurs dans ce sens que Madrid a récemment demandé à Rabat de renforcer le contrôle à son niveau, afin d'empêcher les migrants d'atteindre les frontières séparant le Maroc des enclaves espagnoles. Ce que les autorités chérifiennes ont fait, en renforçant les troupes frontalières. Selon l'accord bilatéral, la réadmission des immigrants est conditionnée, entre autres, par l'enregistrement de ces migrants en Espagne. Etant donné qu'au Maroc les autorités restent discrètes sur le sujet, on ne sait - pour l'instant - s'il y aura ou non modification des conditions par la commission mixte prochainement créée.