C'est dans l'intérêt de l'Espagne de tout faire pour qu'un nombre important de sans-papiers présents au Maroc retournent chez eux. Après les entrées massives de Subsahariens à Ceuta et Melilla la semaine dernière, Madrid a décidé d'apporter son aide à Rabat afin d'expulser le maximum de ces migrants. Détails. L'Espagne va travailler conjointement avec le Maroc pour rapatrier les immigrants illégalement présents dans le nord du royaume chérifien, a annoncé le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, rapporte le journal El Pais. Le but de cette mesure est de soulager la pression sur les frontières terrestre avec Ceuta et Melilla. En effet, les 17 et 18 septembre derniers, plusieurs centaines de migrants subsahariens ont mené plusieurs assauts – trois au total - au niveau des frontières entre le Maroc et les deux enclaves espagnoles. Près de 91 migrants ont réussi à rentrer à Ceuta, tandis qu'une centaine a pu poser le pied sur le sol de Melilla. Expulsions «dignes» Selon M. Diaz, il sera question dans la coopération maroco-espagnole de trouver «une alternative digne», afin de faciliter le retour au pays d'origine pour les sans-papiers subsahariens. En effet, ceux-ci sont souvent refoulés vers la frontière avec l'Algérie ou celle avec la Mauritanie par la police chérifienne. Peut-être s'agira-t-il désormais d'expulsions mieux réglementées, par avion, etc. Pour l'instant, le ministre espagnol de l'Intérieur n'a pas donné plus de précisions et au Maroc, les autorités n'en ont pas encore réagi. Une telle mesure nécessitera inévitablement un budget plus important pour la lutte contre l'immigration illégale. Pour l'instant, on ne sait pas encore si l'initiative espagnole est ou non sous la coupe de l'Union européenne. Ce qui semble cependant très plausible vu que l'UE est très engagée dans ce programme. En réactions aux multiples assauts de la semaine dernière, des ONG espagnoles accusaient le Maroc «d'encourager» les migrants dans leur démarche afin de bénéficier de l'augmentation de l'aide européenne. Que diront-elles maintenant que l'Espagne y travaille également ? De toutes les façons, l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrants (AMERM), rejetant toutes ces allégations contre le royaume, avait estimé que le Maroc fait de son mieux à ce niveau là. L'Europe contre la nouvelle politique migratoire du Maroc ? De son côté, le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants au Maroc, interrogé par RFI, a livré son analyse des faits. Selon son président, Hicham Rachidi, la forte médiatisation des assauts de la semaine dernière visait selon lui «à discréditer la nouvelle politique migratoire humaniste qu'a promise le gouvernement marocain». Il fait ainsi allusion à la récente décision du roi Mohammed VI de régulariser, au cas par cas, la situation des sans-papiers présents au Maroc. Au fil des ans, l'immigration est devenue une question importante au Maroc. Les politiques adoptées par le gouvernement n'ont pas toujours fait l'unanimité. Pour preuve, sa politique de répression encore pratiquée il y a quelques mois, a fait réagir à plusieurs reprises les ONG de défense des droits de l'homme.