Le contrôle du commerce dans les camps de Tindouf est d'une importance capitale pour l'armée algérienne. Tout écart à cette règle est passible de lourdes sanctions, y compris la mort. C'est le châtiment que vient de subir des négociants sahraouis. L'armée algérienne tue des commerçants sahraouis. Pour le moment, le bilan fait état de deux morts, d'un blessé très grave et de personnes portées disparues dont le nombre n'a pas encore été révélé. L'incident, selon des sources sahraouies proches du Maroc, est survenu dans l'après-midi du dimanche 5 janvier dans la zone dite Ouidiane Tittrate, près de la frontière avec la Mauritanie. Les victimes se trouvaient à bord de deux camions et deux véhicules 4/4. Une information corroborée, d'ailleurs, par le site futurosahara.net, porte-parole d'une partie de la jeunesse du Polisario en rupture de ban avec la direction de Mohamed Abdelaziz. La même source s'est juste contentée de rapporter la triste nouvelle et a présenté ses condoléances aux familles sans le moindre commentaire. En revanche, l'agence SPS l'a complètement boudé. Et il en est de même pour l'ensemble de la presse algérienne. Par ailleurs, l'association sahraouie des droits de l'Homme (ASADEH), basée à Barcelone, dont le président Ramdane Mesouad tangue entre le Maroc et l'Algérie, a demandé, dans un communiqué, aux forces de la Minurso de protéger la population civile des «exactions de l'armée algérienne» et de lui «assurer le droit à libre circulation». L'armée et la douane algériennes contrôlent le commerce dans les camps En octobre dernier, Yabiladi avait fait état de l'arrestation par des éléments de la douane algérienne de négociants sahraouis et la confiscation de leurs marchandises, sous prétexte qu'ils seraient des contrebandiers. Une interpellation à l'origine de contestations massives dans les camps de Tindouf, au point de forcer Mohamed Abdelaziz à quitter ses bureaux de Rabouni. Le contrôle du commerce dans cette zone est d'une importance capitale pour l'Algérie et la direction du Front. C'est la raison nodale qui explique la multiplication de ce genre d'incidents. Outre la manière forte, la direction du Polisario a mis en place un dispositif juridique lui permettant de maintenir son emprise sur le négoce. Des mesures héritées des anciens régimes communistes. A titre d'exemple, la carte de commerçant n'est valable que pour une année seulement, et ce, après le paiement à la «douane» du Front de 600 dinars algériens. Il est fort probable que la mort des deux commerçants sahraouis donne lieu à des protestations dans les camps de Tindouf.