La loi organique pour l'officialisation de la langue amazighe commence à entrevoir le bout du tunnel. Les députés auront à examiner, le 8 janvier, un projet déposé en ce sens par le RNI, comme une sorte de clin d'oeil pour le nouvel an amazigh. Après deux années et demie d'attente, le parlement marocain examinera enfin, une proposition de loi visant l'opérationnalisation de la langue amazighe. C'est le RNI de Salaheddine Mezouar qui en est l'auteur. Le mercredi 8 janvier, les membres de la Commission de l'enseignement, communication et culture prendront connaissance du contenu du projet. Une initiative qui a connu des hauts et des bas, sachant que le RNI l'avait déposé en janvier de l'année dernière, du temps où le parti de la Colombe était dans les rangs de l'opposition. Au lendemain de sa participation au gouvernement Benkirane II avec huit portefeuilles ministériels, le parti opère une volte-face et décide de retirer le texte de la Chambre des représentants, sous prétexte de «directives royales». Cette fois, il semble que le RNI a reçu le feu vert pour relancer sa proposition. L'officialisation à un coût financier S'appuyant sur l'article 5 de la Constitution du 1er juillet 2011, le document des RNIstes prévoit, dans le premier alinéa de article 8, «la rédaction en amazighe de publications et des rapports des institutions publiques». Alors que son deuxième autorise de «les Marocains de communiquer en arabe ou en amazighe». Voilà qui devrait encourager des députés et des conseillers à faire usage de leur langue maternelle lors des sessions hebdomadaires des questions orales ou en commissions. Cet article a un coût financier très important pour les administrations amenées à recruter des traducteurs assermentés. Et il en ser de même pour les médias, notamment lors des émissions de débat. Une généralisation progressive dans l'enseignement Le texte du RNI annonce, dans son article 11, que «tous les Marocains ont le droit d'apprendre l'amazighe». A cet effet, elle sera inscrite dans le programme de lutte contre l'analphabétisme. Toutefois, sa généralisation dans l'enseignement public comme privé et même dans les écoles des missions étrangères, ne devrait pas dépasser, dans un premier temps, le préscolaire et le primaire. Graduellement, cette langue fera son entrée dans l'enseignement universitaire et de la formation professionnelle, lit-on dans le texte des RNIstes. Le RNI veut créer un institut à la place de l'IRCAM La proposition de loi déposée par le RNI ambitionne, dans son article 27, d'augmenter la part des émissions en langue amazighe dans les médias audiovisuels à hauteur de 50% rien qu'en 2014. Elle invite, également, le gouvernement Benkirane à aligner les heures de diffusion de la radio amazighe et de la chaine tamazight sur ses pendants en arabe, c'est-à-dire 24 heures. Ce projet entend créer un nouvel institut de l'amazighe qui aura le rang de principal interlocuteur du gouvernement dans l'opérationnalisation de l'officialisation de cette langue sur le terrain. Dans ce cas qu'adviendrait-il de l'IRCAM ? Le texte n'en fait pas, d'ailleurs, la moindre mention.