Vous êtes ici : Actualités / featured / Amazighe : la loi traîne toujours La société civile amazighe se mobilise pour l'opérationnalisation de l'officialisation de la langue amazighe. Une pétition vient d'être lancée sur Internet par des citoyens pour recueillir 1 million de signatures. La pétition sera ensuite adressée aux différentes institutions publiques et organisations pour défendre leur cause. Cette action de plaidoyer-lobbying vise à faire pression sur le cabinet de Benkirane pour accélérer le processus de mise en œuvre de l'officialisation de la langue amazighe, reconnue par la Constitution en tant que langue officielle de l'Etat. Les signataires critiquent le retard accusé dans la préparation de la loi organique relative à l'officialisation de la langue amazighe devant définir les méthodes d'intégrer cette langue dans la vie publique. Certes, le Chef de Gouvernement s'est engagé à concrétiser ce projet. Il a même soutenu qu'il en fait une priorité. Toutefois, rien dans l'horizon. Depuis plus d'un an et demi, la loi organique sur la langue amazighe se fait toujours attendre. Quelles sont les raisons de ce blocage ? Pour Ahmed Boukous, recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), « ce retard accusé dans la préparation de la loi organique relative à la langue amazighe ne se justifie pas». « Le Chef de Gouvernement avance que de nombreux lois organiques sont en préparation. Nous lui avons demandé de consulter au préalable les institutions en rapport avec la langue amazighe et les organisations de la société civile pour écouter les différentes propositions et les coordonner avant de les soumettre au pouvoir législatif », indique Boukous, avant de poursuivre : « Le travail accompli par l'IRCAM il y a de cela 10 ans peut nous aider à économiser du temps pour l'élaboration de la loi organique. Si le chef de Gouvernement donne son aval, une équipe ad hoc sera formée pour passer à l'action. Tous les partenaires sont prêts pour participer à ce travail ». Pour rappel, le 1e juillet dernier, l'IRCAM a organisé un symposium national autour de «l'officialisation de l'amazighe dans la Constitution marocaine: quelles stratégies et quelles mesures». Des personnalités de premier rang étaient présentes dont Abdellatif Manouni, Conseiller du Roi en charge du dossier de l'officialisation de la langue amazighe, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et le président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab. « Le symposium vise à débloquer le processus de mise en œuvre de l'officialisation de la langue amazighe. L'IRCAM s'est adressé à ces différentes personnalités pour leur demander de conjuguer leurs efforts pour que la loi organique soit promulguée dans les meilleurs délais », affirme Ahmed Boukous. Ce symposium intervient trois mois après la dernière note envoyée par le recteur de l'IRCAM au Chef de Gouvernement. « Nous avons envoyé une note au Chef de Gouvernement il y a de cela trois mois dans laquelle nous avons précisé la portée de cette loi organique relative à la langue amazighe et la nécessité de la mettre en œuvre dans les meilleurs délais », rappelle le recteur de l'IRCAM. Les appels à la promulgation de la loi organique se multiplient que ce soit de la part de l'institution officielle chargée de la promotion de la langue et la culture amazighe (IRCAM) ou de la part des organisations de la société civile. Un débat nationale sur la question amazighe Pour les acteurs amazighes, la question revêt un caractère d'urgence, surtout après l'interdiction de la langue amazighe au Parlement. Pour rappel, en 2012, la députée du Rassemblement National des Indépendants (RNI), Fatima Tabaamrant de son vrai nom Fatima Chaho, a posé en tamazight une question orale au ministre de l'Education nationale à la Chambre des représentants. La démarche de la députée a suscité une vive polémique. Depuis, le débat autour de l'usage de la langue amazighe au Parlement et dans les différentes institutions et administrations publiques fait rage. L'élaboration d'une loi organique définissant les méthodes d'intégration de la langue amazighe dans la vie publique devient une urgence. Les militants berbères exigent d'abord l'organisation d'une rencontre nationale autour de la question. Le chef du gouvernement a promis d'adopter une approche participative dans l'élaboration de ce texte de loi. Cependant, aucune action n'a été entreprise dans ce sens à ce jour.