Alors que la justice espagnole a récemment rouvert le dossier du marocain Jamal Zougam, l'unique condamné en Espagne pour les attentats du 11 mars 2004, de nouvelles révélations ont été faites par deux hommes qui étaient dans le magasin où les puces téléphoniques ayant servi aux attentats ont été vendues aux terroristes. Selon Zbakh et Bakkali qui se sont présentés à la barre hier, Zougam n'a pas vendu les puces et n'a même eu de contact avec les terroristes. Nouveau rebondissement dans le dossier de Jamal Zougam. Fin septembre, la Justice espagnole avait décidé de rouvrir le dossier du seul condamné dans les attentats du 11 mars 2004 à Madrid après une remise en cause du fondement de la condamnation. Un mois et demi après, de nouveaux éléments censés innocenter l'accusé viennent d'apparaitre. En effet, deux hommes qui se trouvaient dans le magasin de Zougam se sont présentés devant la justice espagnole, hier, pour témoigner, rapporte El Mundo. Selon eux, l'accusé n'est pas le responsable des attentats, il n'aurait même pas assisté à la vente des puces aux terroristes. Mieux, l'un des deux, qui est un employé du magasin, a assuré à la barre qu'il a, lui-même, vendu les puces à un homme surnommé «Le Chinois» sans savoir qu'elles serviraient à commettre des attentats. Après ce premier témoignage, un autre vendeur de matériels électroniques qui a déjà donné sa version au juge Juan Del Ormo, a indiqué qu'il était présent au moment de la vente. Tous les deux donnent des versions concordantes et ont innocenté Jamal Zougam qui, à les croire, n'a jamais eu de contact avec les terroristes. Jamal «ne connaissait pas» les acheteurs Ces nouvelles révélations surviennent après que de faux témoignages de deux roumaines aient été signalés dans de précédentes enquêtes. Le tribunal de Madrid avait ordonné au juge Belén Sanchez de lancer de nouvelles investigations sur la vente de ces cartes. Le juge a invité à la barre l'employé de Zougam, Abderrahim Zbakh et un de ses fournisseurs en matériels électroniques, Mohamed Bakkali. Zbakh a fait savoir que c'était lui qui avait «accueilli» les «deux garçons» qui ont acheté «à neuf ou dix euros» les cartes «avant le 11 mars». Il a précisé qu'il était à côté de Bakkali à qui il a demandé s'il pouvait leur faire une réduction afin de les garder comme clients, car il ne les avait jamais vus auparavant dans le magasin. Selon Zbakh, Jamal Zougam ne connaissait pas les acheteurs. Il n'est même pas venu au comptoir pour les saluer car il était au sous sol. Pour lui, «Jamal n'a jamais émis de commentaires extrémistes» le jour des attentats ou auparavant. Il était même «surpris par les faits». Son «comportement a toujours été le même», a-t-il laissé entendre à la barre. Même version chez Bakkali selon qui «Jamal n'est pas sorti pour saluer» les deux acheteurs et n'a jamais fait de «commentaires extrémistes». Les frères Oulad Akcha probable piste ? Bakkali a aussi raconté qu'il a acheté un journal, 2 jours après les attentats, dans lequel lui et Zougam avaient appris que la police détenait un sac à dos, celui-ci contenant alors des preuves qui pouvaient les incriminer. Alors quelques heures plus tard ils seront tous arrêtés au magasin. «L'attitude de Jamal est resté normale», selon Bakkali. Ce dernier a aussi indiqué que «Le Chinois» était revenu au magasin «en se plaignant que l'une des cartes achetées n'avait pas de solde». Pour rappel, le même témoignage avait été fait il y a presque 10 ans devant le juge Del Olmo. Bakkali a également fait savoir qu'il ne se rappelle pas exactement des deux hommes qui accompagnaient «Le Chinois». Mais, selon lui, il pourrait bien s'agir des frères Oulad Akcha. Ces deux marocains avaient été tués le 3 avril 2004 lors d'une explosion dans la banlieue sud de Madrid. Ils on été mis en cause dans les attentats Madrid qui avaient fait 191 morts. La nouvelle enquête lancée livre d'autres détails de cette vente qui aurait servi à condamner Jamal Zougam. La justice espagnole avait accusé ce commerçant marocain d'avoir participé «matériellement» aux attentats de Madrid en vendant «délibérément» les puces aux terroristes. Condamné à 40 ans de prison en 2007, Zougam a toujours clamé son innocence dans cette affaire.