La question de la prospection pétrolière pourrait-t-elle nuire aux relations entre le Maroc et le gouvernement autonome des Iles Canaries ? A entendre le ministre espagnole de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme, José Manuel Soria, la prudence doit être de mise sur cette question. Samedi dernier, il a même annoncé qu'il présentera des «excuses» au Maroc pour l'attitude des Canaries concernant les prospections marocaines. L'or noir risquerait-il de créer une situation délicate entre le Maroc et les Iles Canaries ? Selon Canarias Ahora, les déclarations du chef du gouvernement autonome des Iles Canaries, Paulino Rivero, après une visite effectuée l'année dernière au Maroc, n'ont pas été du goût de José Manuel Soria, le ministre de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme des Canaries. Ce dernier a même indiqué qu'il présentera des excuses au Maroc pour l'attitude des Iles Canaries avant l'annonce des prospections pétrolières. Pour rappel, lors de sa visite, Rivero avait indiqué à la presse espagnole que le roi Mohamed VI lui aurait fait état de «l'inexistence de pétrole dans les eaux entre le Maroc et les Canaries» et que le royaume ne serait «pas intéressé par des prospections». Plus d'un an après, José Manuel Soria a vivement réagit à ces allégations après que le Maroc ait annoncé qu'il va se lancer dans des prospections pétrolières en fin d'année. «Il n'y a pas très longtemps, j'ai entendu Paulino Rivero, de retour d'un voyage au Maroc, dire que le roi Mohamed VI lui avait assuré que le Maroc n'avait aucun intérêt dans les prospections et qu'il n'allait pas en faire», a réagi Soria. «Mais, je ne l'entends pas dire qu'il est préoccupé actuellement alors que le Maroc vient d'annoncer le contraire. S'il (Rivero) donne de la crédibilité à ses propres mots, je suppose qu'il ne devrait pas être préoccupé», s'est-t-il insurgé. Soria désapprouve l'attitude des Canaries sur cette affaire Le chef du département de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme a, semble-t-il, été pris de cours par les déclarations de Rivero. «J'ai pris acte, je le ferai (les excuses au Maroc)», a-t-il précisé, tout en rappelant qu'il ne faudrait pas «s'immiscer» dans une question purement interne en rapport avec la souveraineté d'un autre pays. Soria a affirmé que ce que l'Espagne a à faire c'est d'accélérer les travaux, parce que le pire qui pourrait arriver est que le Maroc arrive à extraire du pétrole et que l'Espagne n'y arrive pas. Par ailleurs, il a souligné que la question des prospections aux Iles Canaries se passe «bien». «Le Conseil des ministres a été autorisé pendant plus d'un an à prendre des mesures pour mettre en place une étude sur l'impact environnemental de la prospection pétrolière sur l'archipel. «Une telle étude serait déjà rendue publique», à l'en croire. L'Union canarienne de gauche souhaite impliquer la question du Sahara Alors que la question environnementale revient souvent lorsqu'on évoque ces prospections pétrolières, l'Union canarienne de gauche (IUC) a fait part de son inquiétude. Elle a transmis une question écrite au Gouvernement espagnol via son sénateur Jesús Iglesias, demandant si ces prospections à l'est des Canaries incluaient des eaux situées en face du Sahara. Dans son communiqué repris par El Dia.es, l'IUC, indique que, si des prospections étaient faites dans ces eaux, celles-ci devaient toujours être considérées sous administration espagnole. Par ailleurs, Jesús Iglesias a demandé si les prospections vont se faire dans des eaux sur lesquelles un différend existe entre l'Espagne et le Maroc. Son parti a exhorté le gouvernement espagnol à expliquer ce qu'il comptait faire vis-à-vis du Maroc pour que les prospections ne posent de problèmes écologiques aux Canaries. Pour l'IUC, le gouvernement du Parti populaire espagnol «a favorisé les prospections du côté marocain». Une décision qui «augmenterait le risque de catastrophe écologique dans les Iles Canaries».