Entre le Maroc et l'Espagne, le problème des frontières maritimes et terrestres est un sujet de tension récurrent. Madrid vient de souffler sur les braises d'un conflit vieux de quelques années, sur les prospections du pétrole aux Iles Canaries. C'est le remake d'un film mis en scène, en 2001, par José Maria Aznar, et cette fois c'est, son disciple, Mariano Rajoy qui est aux commandes. Nouvelle crise en perspective entre Rabat et Madrid. Son origine, le pétrole. Le 16 mars, le gouvernement Mariano Rajoy a autorisé la compagnie Repsol à initier des prospections off-shore aux Iles Canaries, plus précisément dans le plateau continental en face du Maroc, alors que le problème de la délimitation des frontières maritimes entre les deux pays n'est pas encore résolu. Le dossier figure encore au menu de la Commission des limites du plateau continental relevant des Nations-Unies. Deux semaines après cette décision, point de réaction de la part de l'équipe Benkirane. Il a fallu attendre, un déplacement du ministre de l'Industrie, Abdelkader Amara en Espagne, jeudi dernier, pour qu'un membre du gouvernement marocain se prononce, enfin, sur cette question. Sur un ton très diplomatique le PJDiste a exprimé que ce genre de décision ne doit en aucun cas être prix de façon unilatérale. La presse espagnole a qualifié ces propos de «menaces» et de «retour des problèmes avec le Maroc». Contestation aux Iles Canaries Mais le Maroc n'est pas le seul. Samedi à Tenerife, plus de 1000 manifestants ont battu le pavé contre cette décision unilatéral du gouvernement Rajoy. Lundi, c'est autour de Paulino Rivero, le président du gouvernement autonome de la région des Iles Canaries de monter au créneau. «Ils se trompent foncièrement quand ils prétendent nous imposer une activité qui menace sérieusement notre principal moteur économique, notre biodiversité et affecter directement l'approvisionnement en eaux des îles. Et ils se trompent sur la forme parce qu'ils le font en tournant le dos aux Canariens et à la loi», écrivait-il sur son blog. Ne faisant nullement dans la dentelle, et en phase avec le rejet de la population, Paulino Rivero a promis que son exécutif compte user de toutes les voies de recours pour paralyser cette autorisation y compris porter l'affaire devant le Tribunal suprême espagnol afin de décréter une suspension préventive à même d'épargner de graves dégâts aux Iles. Pour mémoire en 2004, la même cour avait paralysé des prospections de la compagnie Repsol aux Iles Canaries pour des raisons environnementales. Le président des Iles Canaries attendu au Maroc Cette ligne de conduite prônée par Rivero, également chef du parti nationaliste «Coalicion Canaria», vient d'être saluée par le député, Pedro Quevedo, de la formation de «Nuevas Canarias». Dans un communiqué, il a rappelé que Rabat considère les eaux objet de prospections de Repsol comme faisant partie de son territoire national. Ce membre du Congreso vient de déposer une proposition non contraignante, examinée cette semaine, à la chambre basse du parlement espagnol en vue de discuter le sujet à fond. Commentant la mise en garde de Abdelkader Amara, Pedro Quevedo a soutenu que la décision unilatérale du gouvernement Mariono Rajoy est «opportuniste» et «porte préjudice aux intérêts des Iles Canaries». Cette autorisation sera au cœur des entretiens qu'aura Paulino Rivero, le président du gouvernement autonome de la région des Iles Canaries, avec les responsables marocains lors de sa visite officielle, en avril, au royaume.