Loin des médias, le clan Abdelmoula cherche encore des solutions pour sauver la compagnie maritime marocaine, Comarit, grâce au second mandat de redressement judiciaire dont il bénéficie depuis juin dernier. Dans moins de deux mois, le sort définitif de l'armateur sera scellé. Mais dans le milieu judicaire, il semble connu d'office. Détails. En juin dernier, fin de la période de redressement judiciaire accordée à la Comarit, les dés semblaient jetés pour la compagnie marocaine. Le tribunal de Commerce de Tanger a, cependant, créé la surprise en lui accordant un délai supplémentaire de quatre mois pour une dernière tentative de redressement. Dans moins de deux mois, le sort définitif de l'armateur sera scellé. La décision du juge dépendra du rapport du syndic en charge du dossier. Si ce dernier s'avère satisfaisant, le juge approuvera le redressement judiciaire et la Comarit disposera d'un nouveau délai pour régler ses différents problèmes d'exploitation. Dans le cas contraire, la liquidation sera prononcée. «Je crois que c'est ce qui va arriver», confie à Yabiladi, Maitre Khalid Dardouh, avocat des marins de la Comarit. A la question de savoir s'il est certain de ses affirmations, l'avocat répond : «presque». En effet, avec le dossier de la Comarit, il faut s'attendre à tout, surtout après la reconduction du redressement judicaire intervenue en juin. Cela fait maintenant plus d'un an que sa faillite est envisagée, mais jusque-là, rien. Toutefois, certains magistrats parleraient de manière discrète d'une «liquidation certaine». «Dans les prochaines semaines, je serai fixé», dit-il. La vente du Biladi toujours pas annulée En mai dernier, l'un des ferries à quai à Sète, le Biladi, avait été vendu à un armateur sur décision du Tribunal de Commerce de Montpelier afin d'éponger certaines dettes de la compagnie marocaine en France. Mais en juillet, la Comarit avait fait un recours pour l'annulation de cette vente, en raison du statut de redressement judiciaire de la compagnie. Pratiquement deux mois plus tard, la procédure d'annulation est «toujours en cours», indique à Yabiladi l'un des avocats de la Comarit en France, Mohamed Oulkhouir, se refusant d'en dire plus. Rappelons que l'Etat, ainsi que des investisseurs internationaux ont été sollicités, sans pouvoir franchement aider le groupe à sortir du gouffre dans lequel il s'était enfoncé, suite à une mauvaise gestion de ses affaires. La Comarit accusant de lourdes dettes auprès des banques marocaines, aucune d'entre elles n'a voulu s'engager dans les différents plans de sauvetages proposée par le gouvernement. D'ailleurs ce dernier semble désormais à court d'idées pour empêcher la plus grande compagnie maritime marocaine de sombrer. 250 millions de dirhams à payer aux marins? Aujourd'hui, ce sont surtout les marins de la Comarit (près de 1200 personnes) qui payent les frais de cette faillite annoncée. Après avoir été abandonnés, dans les ports étrangers, pendant des mois, ils se retrouvent au Maroc dans des conditions désastreuses. Maitre Khalid Dardouh, a réclamé qu'ils soient prioritaires en cas de liquidation. Ils devront encore tenir jusqu'en octobre prochain pour être fixé. Selon un représentant des salariés, cité par L'Economiste, la justice pourrait fixer à «250 millions de dirhams» le montant des indemnisations totales des employés. Comment fera Abdelmoula pour rembourser tout cet argent ?