Cinq jours après le discours royal du 20 août, Benkirane a eu, dimanche à Casablanca, l'occasion de répondre, à sa manière, aux «observations» du souverain, il évite de prononcer le mot «critiques», sur le dossier de l'enseignement. Abdelilah Benkirane a tenu, par ailleurs, à rappeler le soutien ferme du PJD à la monarchie lors de la vague du printemps arabe de 2011. «Nous sommes un parti de réformes et non de révolution», a-t-il martelé. En dépit de ses nombreux actes d'allégeance au régime, le chef du gouvernement est resté ferme sur un point : son hostilité au PAM dont le fondateur n'est autre que le conseiller royal, Fouad Ali El Himma. Sans la moindre équivoque, Benkirane a été la vedette incontestée de la séance inaugurale des 9ième rencontres, du 25 août au 1er septembre à Casablanca, de la jeunesse du PJD. Les PJDistes et la classe politique attendaient avec impatience la réaction du chef de gouvernement aux vives critiques du roi Mohammed VI, lors du discours 20 août, sur l'enseignement. D'emblée, et en bon pédagogue, il a commencé par rassurer ses jeunes : «Je sais que vous êtes troublés et inquiets … de ce qui se passe sur terre, de ce que vous lisez dans la presse de votre pays, de ce que vous regardez sur certaines chaines de TV tendancieuses». Benkirane, pour une fois, met dans le même sac : Al Oula, 2M et Medi1 TV. «Aux jeunes, restez fidèles à la monarchie» Pour le secrétaire général de la Lampe, ce que vit, actuellement, le PJD n'est rien comparé à «la volonté de certains de dissoudre le parti au lendemain des attentats du 16 mai 2003 pour notre 'responsabilité morale' dans ses actes terroriste. Mais, heureusement que le roi Mohammed VI n'a pas voulu les suivre dans cette voie». Après des remerciements au monarque, il passe à son sujet favori : la monarchie. C'est «le pilier de cet Etat», clame-t-il, tout en demandant aux jeunes du PJD de «rester fidèles à la monarchie». Après une vingtaine de minutes de paroles, il se sépare de sa veste. Une jeune sœur lui apporte de l'eau et du papier pour essuyer les gouttes de sueur qui commencent à envahir son visage, tout moite. Fidèle à son habitude, ses déclarations d'amour à la monarchie vont de pair avec ses avertissements lancés à ses ennemis: «à tous ceux qui veulent nuire à la relation entre le PJD et la monarchie, je leur dit qu'ils ne comprennent rien comme ils ne comprennent rien dans nos alliances… De notre part nous n'avons rien convenu avec le roi». Discours de Abdelilah Benkirane à partir de 1h48' Vives critiques au PAM mais sans le nommer La multiplication des actes d'allégeance à la monarchie n'est pas fortuite. C'est sa manière de reprocher au palais d'avoir miser sur le PAM plutôt que sur le PJD. «Il est inconcevable qu'un parti juste constitué, il y a quelques mois, puisse arracher la première place aux communales du 12 juin 2009. C'est une formation créée par dopage qui a bénéficié et du soutien de l'administration et de grands moyens. Malgré ça nous lui avons tenu tête», martèle Benkirane. «Ils ne vont rien faire pour le bien de ce pays. Ils sont là, juste, pour les avantages. Heureusement que le printemps arabe à mis, leur plan, en échec », a-t-il ajouté. La suite est un message, on ne peut clair, à l'adresse du palais. «Lors de la vague du printemps arabe. Le PJD, qui ne fait pas de calcul politique, a dit oui aux réformes et non aux atteintes aux institutions et non à toute atteinte à la monarchie. Le peuple nous a entendu et aux législatives (25 novembre 2011, ndlr) il a voté en notre faveur. Nous sommes un parti de réformes et non de révolution», souligne le chef de gouvernement. «Les prémices de la réformes de l'enseignement sont là» La dernière partie de l'intervention de Benkirane est consacrée aux réalisations de son cabinet. «La rue s'est calmée juste un mois après la nomination de ce gouvernement. Comme tout le monde le reconnait, le Maroc est un havre de paix et de stabilité dans un contexte régional troublé. Aujourd'hui, les touristes se bousculent à la recherche de places dans les stations balnéaires… mais personne ne veut attribuer ceci au gouvernement», déplore-t-il. Le secrétaire général du PJD cite également, la fin des grèves dans les tribunaux à coup de ponctions sur salaires. «Quant à l'enseignement, les prémices de sa réforme sont là, la réforme n'est pas encore complète. Il y a des observations que nous acceptons», a-t-il reconnu.