Finalement, l'USFP a rencontré le PJD, Radi est revenu au perchoir, rien n'entrave donc des entretiens avec les islamistes. C'est la première du genre entre les directions des deux partis. Mardi au siège du parti de la Rose une forte délégation de la Lampe conduite par Abdelilah Benkirane et comprenant notamment Abdellah Baha, Mustapha Ramid, Saâdeddine El Othmani, Bassima Hakaoui, a pu se réunir avec des membres du Bureau politique de l'USFP: Abdelwahed Radi, Lahbib El Mlaki, Jamal Rhmani, Rachida Bensoud, Zoubida Bouayyad et Driss Lachgar. Ce dernier est, faut-il le rappeler, était un des chantres du rapprochement avec la formation islamiste. Mais c'était avant qu'il n'endosse l'habit de ministre lors du remaniement ministériel de janvier dernier. Les noms cités renseignent sur l'importance que les deux partis ont accordée à cette rencontre. Laquelle est intervenue après que Radi a finalement accédé à la présidence du Parlement. Pour mémoire, lors de la campagne, pour le perchoir, Abdelwahed Radi et Abdelilah Benkirane se sont entretenus brièvement en tête à tête. A l'époque, même des voix importantes au sein de la Lampe ont minimisé la tenue de cette rencontre, affirmant que c'est juste une réunion de courtoisie. Deux absences de taille à la réunion de mardi: Mohamed El Yazghi, resté fidèle à ses positions hostiles aux islamistes, et Lahcen Daoudi qui se trouve en Algérie. Sous couvert d'anonymat, une source présente à cette réunion affirme que «la rencontre a été marquée par deux exposés à forte couleur politique de Radi et Benkirane. S'en est suivie une discussion ouverte entre les participants». Et d'assurer que «le PJD et l'USFP ont pointé du doigt le net recul que connaît le paysage politique et partisan». Notre interlocuteur précise qu'«à aucun moment de la réunion, le PAM n'a été évoqué par les participants. En revanche, la discussion s'est portée sur les moyens à même d'ancrer les us démocratiques dans notre pays». De son côté, Abdellah Baha, présent à cette réunion, déclare que les deux partis «ont abordé les réformes nécessaires à mener en vue de l'échéance de 2012. Et ce, en se mettant d'accord sur les principes à même d'établir les bases d'une concurrence loyale entre toutes les formations politiques». Interrogé si la loi sur les partis et les lois électorales ont figuré au menu des discussions entre les islamistes et les socialistes, Baha répond par l'affirmative. Et de préciser que «la rencontre est d'une importance extrême. C'est ce genre de rencontres qui favorisent le consensus entre les partenaires politiques». Baha n'en dira pas plus. Par ailleurs, un communiqué sanctionnant la réunion de mardi met en exergue «les conditions positives dans lesquelles s'est déroulée la réunion entre le Bureau politique de l'USFP et le Secrétariat générale du PJD, marquée par le respect mutuel et le sens de la responsabilité de chacun», soutient Abdelali Hamieddine, présent à cette rencontre. A l'issue de la réunion de mardi, les deux partis n'ont fixé aucun agenda de travail. De même qu'ils n'ont convenu d'aucune date pour la prochaine rencontre. La réunion de mardi entre l'USFP et le PJD a connu une absence de taille dans l'équipe socialiste, celle de Mohamed El Yazghi resté fidèle à ses positions hostiles aux islamistes. Le ministre d'Etat a préféré animer aux côtés de Taib Fassi Fihri un séminaire sur la régionalisation. Lahcen Daoudi était également absent pour d'autres motifs: il se trouve en Algérie. PJD et USFP Main tendue des islamistes Entre le PJD et l'USFP, «c'est je t'aime, moi non plus» qui prévaut. Les divergences idéologiques entre les deux formations sont criantes. Et pourtant, les islamistes ont toujours opté par la politique de la main tendue aux socialistes. Ils l'ont fait pendant environ deux années avec le gouvernement de Abderrahmane El Youssoufi. C'était l'époque du soutien critique des neuf députés islamistes sous la bannière de la Haraka d'El Khatib. L'expérience a tourné court. El Othmani et autre Ramid avaient basculé dans les rangs de l'opposition. Depuis, les relations entre les deux formations ont entamé une phase d'accalmie, voire d'indifférence jusqu'aux attentats terroristes de Casablanca du 16 mai 2003. Mohamed El Yazghi a ouvertement montré du doigt le PJD dans ces actes. Il n'était pas d'ailleurs le seul homme politique à avoir tenu ce genre de discours. Au lendemain des élections législatives de 2007 marquées par la défaite de Driss Lachgar, l'ancien président du groupe socialiste au Parlement a commencé à flirter avec les islamistes, multipliant les déclarations dans la presse sur la nécessité de l'alliance nationale. Ramid, candidement, lui donnait la réplique avant que Lachgar ne mette fin à cette mésalliance.