Une fois n'est pas coutume, c'est le gouvernement Rajoy qui est le principal lobby pour le Maroc au parlement européen. L'exécutif espagnol tient à ce que les eurodéputés valident "rapidement" le protocole de pêche. C'est une «affaire d'Etat» indique le ministre de l'Agriculture, Miguel Arias Cañete. Le 24 juillet, après de longs mois de négociations, le Maroc et l'UE signent un nouveau protocole de pêche. Sa ratification par le Parlement européen est une condition sina qua non pour le retour des chalutiers européens, dont la majorité est espagnole, dans les eaux atlantiques du royaume. Mais l'adhésion des eurodéputés n'est pas totalement garantie. Un remake de l'annulation, en novembre 2011, de la prorogation d'une année supplémentaire de l'accord de 2007 n'est pas à exclure. Le gouvernement Rajoy est d'ailleurs conscient des risques. Il se mobilise. «Le gouvernement précédent n'a pas fait son devoir» Mardi, à l'issue d'une réunion avec les professionnels du golfe de Cadiz et de Barbate, deux régions lourdement affectées par la décision du PE en 2011, le ministre en charge du secteur a lancé un appel à toutes les formations politiques, ayant une représentation au Parlement de Strasbourg, pour voter en faveur du protocol. Il appelle de ses vœux pour qu'il n'y ait pas de division le jour de l'examen en séance plénière. Selon Cañete, le gouvernement précédent (du socialiste Zapatero, ndlr) «n'a pas fait son devoir, car l'accord de pêche avec le Maroc n'a pas été ratifié par le Parlement européen». Et de rappeler qu' «il s'agit d'un accord fondamental qui concerne 100 navires et 800 pêcheurs espagnols». Toutefois, le ministre a fait l'impasse sur le vote négatif de certains eurodéputés appartenant au PP. Sachant que le rapporteur de la commission chargée d'évaluer l'ancien accord était Espagnole, Carmen Fraga, qui n'est autre que la fille du véritable fondateur du PP, Manuel Fraga. «Le protocole bénéficie aux sahraouis» Dans sa plaidoirie, Miguel Arias Cañete a fait savoir que le nouveau texte répond, comme le rapporte le site d'actualité lavozdigital.es, à certaines exigences de formations politiques sur le respect des droits de l'Homme au Sahara. Selon le ministre «le nouveau protocole offre de larges bénéfices à la population concernée». Une allusion aux habitants du Sahara occidental. Toutefois, il est fort improbable que ces arguments avancés par le responsable gouvernemental puissent convaincre les eurodéputés d'Izquierda Unida ou de petites formations catalanes, totalement acquis aux thèses du Polisario. En octobre, les membres de la commission de l'Agriculture au sein du Parlement européen devront examiner le projet d'accord de pêche. Cañete indique que son gouvernement se prépare à cette échéance en annonçant le lancement d' «une offensive diplomatique» pour son approbation.