Après avoir très critiqué, l'accord agricole avec Rabat ratifié, le 16 février dernier, par la plénière, le parlement européen semble trouver des adeptes en Espagne, notamment au sein du gouvernement Mariano Rajoy. Le ministre de l'Agriculture, Miguel Arias Cañete, en fait, d'ailleurs, partie. Lundi, devant les membres du Sénat, ce responsable a fortement défendu le protocole agricole entre l'Union européenne et le Maroc, précisant au passage, comme rapporte l'agence Europa Press, qu' «ils se trompent ceux qui exagèrent les effets négatifs» de l'entrée en vigueur de cet accord sur les exportations espagnoles de produits agricoles au marché des Vingt-sept. Dans son plaidoyer, Miguel Arias Cañete a minimisé les rapports alarmistes des associations des agriculteurs, lesquels n'ont eu cesse de jouer les oiseaux de mauvaise augure, annonçant un cataclysme pour leur secteur. Mettant beaucoup d'eau dans son vin, il a expliqué aux sénateurs que les projections de son gouvernement placent l'impact dudit accord au rang de «très limité» sur l'économie espagnole. Un sérieux démenti à toutes les Cassandres politico-associatives qui squattent la Une de l'actualité chez le voisin ibérique. L'Espagne risque-t-elle de perdre la moitié de ses agriculteurs ? Déboulonnant un à un «les arguments» des organisations agraires et des partis politiques, le ministre espagnol a balayé d'un revers de main, les chiffres estimant le risque à 450 000 postes d'emplois perdus dans le secteur à cause de l'accord agricole avec Rabat. Plus réaliste, Arias Cañete a lancé aux détracteurs du protocole que le chiffre qu'ils avancent représente «50%» du total des travailleurs dans ce secteur. De la surenchère ! A ce discours foncièrement populiste, bien en vogue en Espagne, Miguel Arias Cañete a répliqué par des propos rassurants : «l'accord n'aura pas d'effets négatifs à condition d'opérer un changement du système de contrôle des prix d'entrée des exportations agricoles en provenance du Maroc sur le marché européen», souligne-t-il. Reste à préciser que l'accord agricole que le parlement européen a ratifié, le 16 février dernier, et qui se trouve à son corps défendant, au cœur d'une polémique en Espagne, n'est pas encore entré, officiellement, en vigueur. La pêche dans le viseur de la realpolitik Si les membres du cabinet Rajoy, à commencer par le même Cañete et son collègue Margallo aux Affaires étrangères, ont nettement révisé leur position initiale, hostile à la ratification du protocole agricole avec le Maroc, c'est justement pour la conclusion d'un nouvel accord de pêche avec le royaume. C'est l'autre sujet qui a dominé la réunion du Sénat du lundi sur lequel, Madrid, semble avoir les mains liées. Certes, elle a réussi à convaincre le conseil des ministres de l'Union européenne d'entamer des négociations avec le Maroc en vue d'un éventuel retour des chalutiers européens -majoritairement espagnols- dans les eaux atlantiques marocaines, mais elle ne pourra en aucun cas s'assurer de la position des eurodéputés vis-à-vis de la signature d'un texte incluant le Sahara. Ce point était la raison principale du rejet par le parlement européen, en novembre dernier, du renouvellement de l'accord de pêche de 2011. Lequel bénéficiait à 70 chalutiers espagnols et assurait des emplois directs à 661 marins.