L'accord agricole entre le Maroc et l'Union européenne, ratifié par le Parlement européen, est devenu le thème de prédilection des candidats aux élections régionales andalouses. Le parti d'opposition, le PSOE et son rival historique le PP recourent au sujet pour briller aux yeux des électeurs. Mais c'est la démarche des socialistes qui semble la plus opportuniste. L'adoption de l'accord sous le mandat des populaires est du pain béni pour les socialistes en cette campagne électorale. En effet, toutes les déclarations des quadras du parti dans la région andalouse, dont les électeurs sont appelés aux urnes le 25 mars pour élire le président de la région, tendent vers un durcissement du discours à l'encontre des exportations marocaines destinées au marché européen. Dans ce sens, le secrétaire général du PSOE, Huelva a appelé l'équipe de Mariano Rajoy à «chercher des alliances en Europe pour freiner l'accord agricole avec le Maroc» à cause de ses répercussions négatives, a-t-il souligné dans un communiqué. Le responsable socialiste a indiqué que le gouvernement espagnol a encore une chance pour se racheter et sauver les agriculteurs de sa province. Selon lui, le ministre de l'Agriculture espagnol, Arias Cañete, devrait mener une bataille pour freiner la ratification de l'accord par le Conseil européen des ministres de l'Agriculture, au lieu de se consacrer «à insulter les agriculteurs andalous durant ses voyages au Maroc». Le PSOE andalou a rencontré dans les déclarations du ministre ibérique, faites durant son voyage au Maroc, où il a clairement dit qu'il est encore tôt de parler de mesures compensatoires puisque le pacte n'est pas encore entré en vigueur, une occasion en or pour prendre à partie le gouvernement du parti conservateur, car pour les socialistes andalous, le gouvernement de Rajoy a jeté l'éponge dans cette affaire, en refusant de réclamer des dédommagements à l'Europe au profit des supposés affectés. Le politicien socialiste n'hésite pas à taxer le gouvernement de «fragile et incapable d'affronter avec force cette situation», des propos visant à chauffer à blanc les concernés et pousser le gouvernement de Rajoy à adopter une position plus ferme contre les produits marocains. Au fond, les socialistes cherchent l'affrontement dans cette affaire en accusant le gouvernement de complicité avec le Maroc pour détruire, disent-ils, «un secteur déjà mal en point». «Aucune fraise ne doit entrer en Espagne avant de s'assurer qu'elle réponde aux mêmes conditions de production que celles imposées à la fraise de Huleva et d'Andalousie, et le gouvernement a la responsabilité de garantir cela», menace t-on. Malgré les propos rassurants de Cañete sur la garantie de passage des produits marocains sur le territoire espagnol, tout porte à croire qu'en cas de non-indemnisation des agriculteurs, ces derniers n'hésiteront pas à faire barrage aux produits nationaux. D'autant plus que le parti au pouvoir souffle le chaud et le froid dans ce dossier, et ceci selon les circonstances et les lieux. Car au moment où Cañete minimise l'alarmisme des agriculteurs quand il s'adresse à ses hôtes marocains, ses collègues du parti et responsables de régions sous administration du PP, n'hésitent pas à appeler l'UE à fixer des compensations dans le cadre du PAC, la politique agricole commune, en utilisant l'accord avec le Maroc comme alibi.