Le prisonnier belgo-marocain Ali Aarrass a entamé une grève de la faim, le 10 juillet et la poursuit, depuis le 24 juillet, par une grève de la soif car l'administration pénitentiaire lui interdit tout contact avec l'extérieur, selon sa famille. Dans un état de santé alarmant, sa vie pourrait être en danger. La famille de Ali Aarrass est sans nouvelle de lui depuis le début du ramadan. «Après avoir entamé une grève de la faim le 10 juillet, il a également cessé de boire, depuis 24 juillet, selon des informations qui nous sont parvenues indirectement, explique Farida Aarrass, la sœur du détenu, je suis morte d'inquiétude. Il paraît qu'il ne peut plus se lever ni parler.» Extradé par l'Espagne, en 2010, alors qu'il y avait été blanchi des accusations de terrorisme, Ali Aarrass, de nationalités belge et marocaine, a été condamné à 12 ans de prison en appel. Son avocat marocain s'est rendu à la prison aujourd'hui, mercredi 31 juillet, mais sa sœur ne sait pas encore s'il a pu le voir. «Mon frère ne fait que réclament ses droits en tant que détenu», indique sa sœur. Tout à commencé le 8 juillet, quand les gardes de la prison ont pris à Ali Aarrass une lettre qu'il venait de recevoir. Elle contenait notamment un médaillon remis aux coureurs du marathon des 20 km de Bruxelles. «Une personne avait couru pour lui et lui avait envoyé son médaillon. Ali y tenait beaucoup parce que le médaillon était aux couleurs de la Belgique et il lui rappelait que même s'il était abandonné par la Belgique il restait citoyen belge», raconte sa sœur. Plus d'appel, plus de douche Le 10 juillet les gardes de la prison, profitant que le détenu se trouvait dans la cour, ont fouillé sa cellule. «Quand je suis revenu à ma cellule, […] tout était sens sous dessus. Ils ont pris un malin plaisir à le faire avec beaucoup de méchanceté, haine, un racisme, du mépris, pour me toucher», a souligné le détenu lui-même dans une lettre rendue publique au moment de l'annonce de sa grève de la faim. L'entretien qui suit entre le directeur de la prison et Ali Aarrass se déroule mal. «Il a répliqué en me disant qu'il est le directeur et que je ne suis qu'un prisonnier. Qu'il décidait de tout et qu'il faisait tout ce qu'il voulait dans sa prison», rapporte le Belgo-marocain dans sa lettre. «L'administration de la prison lui a imposé des restrictions supplémentaires : plus d'appels, plus de douche, plus de courrier, et plus de sorties dans la cour», détaille Farida Aarrass. Depuis ce jour là, Ali Aarrass est en grève de la faim et sa famille est sans nouvelle puisqu'aucun appel n'est autorisé. Elle compte sur la visite de son avocat pour avoir des nouvelles de sa santé, «mais il ne peut théoriquement plus recevoir de visite non plus à partir du moment où il est en grève de la faim», note sa sœur. Droit à la protection consulaire Côté belge, son avocate, Dounia Alamat, envisage à présent d'introduire un recours en référé devant le tribunal de première instance sur base du droit à la protection consulaire des ressortissants belges et de la protection contre la torture. «Depuis le départ, le ministère des Affaires étrangères belge et l'ambassade belge au Maroc refuse d'aider mon frère au nom de sa nationalité marocaine, alors que Ali n'a jamais vécu au Maroc et qu'il a même fait son service militaire en Belgique», s'indigne Farida Aarrass. «La Belgique s'en tient au droit international qui stipule qui dans le cas d'un bi-national qui a des problèmes dans l'un de ses deux pays, l'autre s'abstient d'intervenir», reconnait Jean-Louis Servet, diplomate à l'ambassade de Belgique au Maroc. Même s'il nous est présenté comme la personne chargé de suivre le dossier au sein de l'ambassade, Jean-Louis Servet a refusé d'ajouter le moindre commentaire sur l'état de santé de Ali Aarrass et l'action de l'ambassade. L'appel à l'aide de Farida Aarrass Amnesty International demande à l'Espagne d'intervenir Amnesty International (AI) demande au ministère des Affaires étrangères espagnol de s'intéresser au cas Ali Aarrass. Ali Aarrass a été arrêté à Melilla, en 2008, avant que les autorités espagnoles ne l'extradent vers le Maroc en 2010. » A l'époque AI avait essayé d'empêcher l'extradition en alertant les autorités espagnoles sur les risque qu'encourrait Ali Aarrass. Aujourd'hui l'ONG souligne que son état est "critique" et qu'il est « incapable de se mettre debout ni de parler » AI a tenu à rappeler que « l'extradition d'Ali Aarrass violait le principe de non-refoulement, consacré par différents traités internationaux auxquels l'Espagne fait partie ». Et c'est la raison pour laquelle l'ONG demande au gouvernement espagnol d'intercéder en faveur d'Ali Aarrass et de faire pression sur le Maroc pour qu'il enquête sur les allégations répétées de torture et de mauvais traitements.