Le silence des pouvoirs publics face aux agressions successives de femmes musulmanes dans les rues d'Argenteuil continu de susciter la colère de la communauté qui dénonce «l'islamophobie montante». Une situation qui renforce le sentiment d'insécurité au sein de la communauté, qui malgré tout, garde son sang froid. «L'islamophobie en France existe, elle tue.» Inscrite sur une grande banderole lors du rassemblement de samedi dernier devant la sous-préfecture d'Argenteuil, cette phrase restera certainement dans les esprits. La communauté musulmane de la ville a répondu présent au rendez-vous pour dénoncer «l'islamophobie montante» qu'elle subit. Voici maintenant plus d'un mois que la jeune Rabia a été sauvagement tabassée dans une rue d'Argenteuil. Trois semaines plus tard, alors que les Argenteuillais sont encore sous le choc, Leila, enceinte, se fait également violemment agressée. Quelques jours plus tard, elle perdra son enfant. Les deux agressions pourraient être liées, mais la police n'a toujours pas conclu. Sentiment d'insécurité Les musulmans d'Argenteuil sont encore plus vexés par le comportement des politiques dans cette affaire. «Je remarque que pour beaucoup, il est impossible de concevoir que nous, musulmans, puissions être victimes... nous, on ne peut être que coupables et bouc-émissaires», regrette Mohamed, troublé depuis plusieurs semaines à cause de ce qui se passe. Au silence des politiques s'ajoute celui de la police et même de la mairie. Cela «donne l'impression que tout ça n'est pas si grave ou bien monté de toutes pièces», poursuit Mohamed. L'homme lit un message très claire dans le comportement des autorités : «Elles sont voilées, donc elles le méritent. […] En gros, elles sont aussi coupables car elles ont provoqué». Nadia, quant à elle, craint désormais de «sortir seule». «Je préfère être accompagnée d'un homme», confie-t-elle, se disant également choquée par le comportement de Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem. «C'est à Valls de se déplacer» Manuel Valls «a mis plus d'un mois à réagir, quelle communauté ne se sentirait pas vexée ?», se demande Malek, interrogée par le site Rue89. En effet, le cabinet du ministre de l'Intérieur a reçu les deux victimes la semaine dernière. Une invitation déclinée par Rabia. «C'est à lui de se déplacer, comme il l'a fait avec d'autres communautés», a justifié le père de la fille. La douleur est encore fort présente chez les victimes