Nouvel acte islamophobe en France. Ce matin, la mosquée de Montbéliard dans le Doubs a été incendiée. Il s'agit là de la seconde attaque en un mois seulement, contre ce même lieu de culte. Alors que les responsables musulmans de France ont fermement condamné cet incendie aujourd'hui, la classe politique française brille par son silence. C'est en arrivant tôt ce matin, à la mosquée de Montbéliard que le gérant du lieu de culte, Oahi Gherabi, découvre avec stupeur que la salle de prière est en train de brûler. Sans perdre une minute, il appelle les pompiers, qui très vite arrivent sur les lieux et éteignent l'incendie. Les criminels ont mis le feu à une poubelle située près de la façade de la mosquée. Le feu a ensuite envahi une partie du mur mais, heureusement, ne s'est pas propagé sur le reste du bâtiment. Cependant, le mur a dû être abattu. C'est la seconde fois que la mosquée de Montbéliard est prise pour cible en un mois. La première fois remonte début octobre dernier. Des vandales avaient pénétré dans le parking du lieu de culte et avaient mis le feu à une fourgonnette appartenant à la mosquée. Un message raciste avait été glissé sous la porte de la mosquée sur lequel on pouvait lire : " Bougnoules dégagez d'ici – y-en a marre ! ". A l'heure actuelle, les responsables de la mosquée sont en train de se demander, avec la mairie propriétaire des lieux, si la salle peut être encore utilisée par la communauté musulmane. Les échappées criminelles Selon les enquêteurs, les deux attaques consécutives contre la mosquée de Montbéliard auraient été commises par les mêmes auteurs appartenant à un groupe peu connu s'appelant "Les échappées belles". La police a retrouvé près de la mosquée des tracts portant la signature du groupe ainsi que des messages sur lequel était écrit "A bas l'injustice", "Que la police fasse son travail" et "on veut une justice juste". Selon France 3, "Les échappées belles" seraient un groupe composé de femmes influencées par l'extrême-droite. Néanmoins pour le moment, les enquêteurs ne connaissent pas l'identité de ces personnes. La tâche est d'autant plus difficile qu'aucun habitant vivant près de la mosquée, n'a pu apporter un témoignage ou un élément clé pour faire avancer l'enquête. Par contre, ce qui est certain, c'est que La mosquée de Montbéliard n'est pas le premier lieu à être la cible de ce groupe. En fait, il s'agit du sixième incendie perpétré depuis la fin septembre dans l'agglomération de Montbéliard. A chaque fois, est retrouvée sur les lieux du sinistre, la même signature des échappées belles sur des papiers. Les premiers incendies avaient été menés contre du matériel et des baraques de chantier. Réactions des responsables musulmans Peu de temps après l'incendie de la mosquée de Montbéliard, les responsables musulmans de France ont réagi à travers des communiqués de presse pour condamner cet acte criminel. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris parle d'un "acharnement qui inquiète tous les musulmans de France". Nous réaffirmons une fois de plus notre ferme condamnation des actes islamophobes qui empoisonnent notre société et tendent à précariser de plus en plus notre vivre ensemble laïque et républicain". De son côté, le Conseil français du culte musulman a dénoncé la multiplication des actes islamophobes en France et a exprimé son soutien aux fidèles des mosquées victimes de ces actes. Il a également demandé aux musulmans de France de les "affronter avec dignité et sérénité". Enfin, Le président de l'Observatoire de l'islamophobie, Abdallah Zekria appelé les pouvoirs publics "à prendre des mesures efficaces parce que cela commence à aller très, très loin". Recrudescence des attaques islamophobes Effectivement, depuis le début de l'année, vingt-quatre lieux de culte musulmans ont été pris pour cible dans l'hexagone. Avant l'incendie de la mosquée de Montbéliard, le dernier acte islamophobe en date a eu lieu le jour-même de la fête de l'Aïd Al-Adha, dimanche dernier, dans le nord du pays. La mosquée de Saint-Amand-les-Eaux avait été recouverte de croix gammées. Par ailleurs, d'après les chiffres du ministère de l'intérieur, 115 actes anti-musulmans et plaintes ont été recensés depuis le début de l'année, contre 102 pour toute l'année 2010. Ces actes sont des profanations de cimetières musulmans et lieux de culte, insultes, agressions, provocations, corans brûlés ou jetés dans les poubelles. Ce qui représente une hausse de 22% des actes islamophobes. Des chiffres qui sont bien loin de la réalité selon Abdallah Zekri, président de l'Observatoire des actes islamophobes. Selon lui, l'augmentation serait de l'ordre de 50 à 55% parce que tous les actes ne font pas l'objet de plaintes. Silence radio Ce qui est le plus frappant, à l'heure où nous écrivons cet article, c'est le silence de la part de la classe politique face à cet acte criminel. Où est Claude Guéant, le ministre de l'intérieur qui n'avait pas hésité à se rendre sur les lieux de l'incendie des locaux du journal satirique Charlie Hebdo la semaine dernière ? Il avait d'ailleurs appelé "tous les Français à se sentir solidaires" et avait dénoncé là un "attentat". Où est le Premier Ministre François Fillon qui avait manifesté dans un communiqué de presse son indignation ? Où est le candidat socialiste à la Présidentielle François Hollande qui avait adressé toute sa solidarité au journal et ses lecteurs et qui avait dénoncé le fondamentalisme religieux ? Pourtant, Mohamed Moussaoui, le président du Conseil Français du Culte Musulman n'avait pas manqué, peu de temps après l'incendie des locaux de Charlie Hebdo, de condamner, lui aussi, fermement l'incendie. Ce silence radio de la part de la classe politique française n'a pas manqué d'être souligné par plusieurs sites internet et blogs. «Force est de constater que l'incendie de la mosquée de Montbéliard, loin de faire la une, mobilise beaucoup moins nos éditocrates que celui, la semaine dernière, de Charlie Hebdo, et ça pourrait presque donner l'impression que leur émotivité est d'une géométrie qui varie grandement, d'un incendie à l'autre, comme s'ils n'en avaient au fond rien à foutre, qu'une mosquée brûle», écrit l'un des blogueurs du site indépendant Politis.