En l'espace de deux mois, les Etats-Unis ont radicalement modifié leur position sur le Sahara. En avril, l'administration Obama était très proche du Polisario et de l'Algérie, et aujourd'hui, elle qualifie le plan marocain d'autonomie d' «option crédible que nous saluons». Un revirement qui suscite des interrogations à Alger. Washington souffle le chaud et le froid sur le dossier du Sahara. Dimanche à Alger, Wendy Sherman, la n°2 de la diplomatie américaine, chargée des questions politiques a surpris ses interlocuteurs algériens en qualifiant, lors d'une conférence de presse, le plan d'autonomie d' «option crédible». C'est la première fois qu'un haut responsable de l'administration Obama II accorde une bonne note à l'initiative marocaine de 2007. Une mention qui suscite, déjà, des interrogations dans la classe politique que certains médias locaux ont relayées de manière très pudique. Le quotidien El Watan, qui a réservé un long papier à la visite de Mme Sherman, a conclu par cette question : «la nouvelle déclaration de la sous-secrétaire américaine est-elle pour rassurer Alger ?». Washington a-t-elle changé sa position ? Apparemment, les Algériens ont de quoi s'inquiéter. Et pour cause, deux jours auparavant, la diplomate américaine en visite à Rabat a souligné que le plan marocain est «une option crédible que nous saluons». Elle a même réitéré que son pays n'a point changé de position sur le dossier du Sahara. C'est nouveau. Sachant qu'il y a deux mois, la diplomatie américaine a mené une politique vertement hostile au Maroc, lorsqu'elle a présenté au conseil de sécurité un projet de résolution proposant d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara. Ce n'est qu'après une offensive diplomatique du Maroc et de ses alliés que Washington a décidé de retirer son projet controversé. Ce revirement de l'administration démocrate serait-il lié aux bruits de bottes en Syrie ? Une guerre s'y prépare devant opposer les sunnites aux chiites. Sherman plaide pour une «solution acceptée par les deux parties» A Alger, le sous-secrétaire d'Etat a appelé le Maroc et le Polisario à «travailler avec le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon et son envoyé personnel, Christopher Ross, pour une solution acceptée par les deux parties, crédible et durable», indique l'agence du Front. Bien entendu, la SPS a omis de rapporter les propos élogieux de Wendy Sherman à l'égard du plan marocain d'autonomie. Une amnésie passagère qui n'est pas sans rappeler celle qui a frappé, auparavant, l'agence MAP et les télés officielles lors de la fameuse déclaration de Christopher Ross à l'occasion de sa visite, en octobre, au royaume lorsqu'il a évoqué «le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara». Un passage qui avait tout simplement sauté.