C'est la guerre des communiqués entre Amnesty international et le ministère marocain de l'Intérieur. L'ONG évoque des cas de torture au Sahara, ce que le département de Mohand Laenser récuse. Le 9 mai, aux premières heures du matin, les forces de l'ordre arrêtent six polisariens à Laâyoune, dont un mineur de 17 ans,soupçonnés d'avoir jeté, cinq jours auparavant, des pierres et des cocktails Molotov sur la police. Une semaine plus tard, les sympathisants du Front reçoivent le soutien d'Amnesty international. Vendredi 17 mai, l'ONG appelle dans un communiqué à l'ouverture d'une enquête «indépendante» et «impartiale» sur des allégations de torture dont seraient victimes les six personnes durant leur garde à vue. «Les rapports selon lesquels les forces de sécurité marocaines ont utilisé la torture et les mauvais traitements contre les six détenus sahraouis pour les faire parler, sont profondément troublants", a déclaré Philip Luther, directeur d'AI pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Avant d'ajouter que son organisation «a demandé la présence de l'ONU au Sahara Occidental pour une surveillance adéquate des droits de l'homme dans la région et l'établissement de rapports indépendants et impartiaux sur la situation actuelle, y compris les allégations de torture et d'autres mauvais traitements». Le ministère de l'Intérieur réagit au communiqué d'Amnesty Samedi, le département de Mohand Laenser réplique, assurant que «ce qui est rapporté dans le communiqué précité (d'AI) n'est que pures prétentions et affabulations dénuées de tout fondement». Avant de rappeler que l'arrestation des six mis en cause est «intervenue en raison de leur implication dans les actes de violence et les troubles qu'a connus la ville de Laâyoune ayant fait 119 blessés parmi les éléments des forces publiques, dont cinq atteints grièvement". Le texte «déplore le manque d'objectivité dont a fait preuve Amnesty International concernant ces prétentions au sujet desquelles elle aurait pu d'ailleurs obtenir les éléments d'information auprès des autorités marocaines, préalablement à toute prise de position ou publication d'un quelconque communiqué». Les six pro-Polisario, actuellement détenus à la prison civile de Laâyoune , sont accusés de «violence contre des fonctionnaires publics», «participation à un rassemblement armé» et «dégradation de biens publics». Au lendemain de la résolution 2099 du conseil de sécurité se contentant de proroger le mandat de la Minurso au Sahara pour une année supplémentaire, Amnesty international a dépêché sur place deux observatrices, Bénédicte Goderiaux et Sirine Rached. C'est effectivement, sur la base de témoignages des deux femmes, que la presse internationale a fait état de blessés parmi les manifestants du samedi 28 avril.