Le ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, a ordonné au parquet d'ouvrir une enquête sur des allégations de tortures et de mauvais traitements contre des sympathisants du Polisario. Une action qui aurait été rendue possible sous la pression d'Amnesty International. Pour la première fois, le parquet de la Cour d'appel de Laâyoune ordonne d'enquêter sur des plaintes faisant état «d'enlèvements et de tortures» présumés de la part d'officiers de la police judiciaire à l'encontre de civils sahraouis. Il s'agit de plaintes déposées par les familles de prisonniers «politiques» sahraouis en détention provisoire depuis les 12 et 15 mai derniers à la prison locale de Laâyoune, arrêtés à l'issue d'une grande marche organisée le 4 mai pour revendiquer «l'autodétermination et l'indépendance du peuple sahraoui». Des sources bien informées du milieu associatif de défense des droits de l'homme affirment qu'il s'agit d'une première dans le milieu judiciaire marocain. Selon ces mêmes sources, l'action du ministère public est intervenue suite aux demandes répétées d'Amnesty International pour enquêter sur des accusations de torture dont auraient été victimes 6 détenus sahraouis, parmi lesquels figure un mineur. Il s'agit de Mohammed Ali Saadi, Yassine Sidati, Mohamed Garnit, Aziz Hramech, Youssef Bouzid, et l'enfant mineur Houssain Abahe. Amnesty a adressé des courriers aux ministres de l'Intérieur et de la Justice, Mohand Laenser et Mustafa Ramid. Les mêmes sources affirment que les allégations de «torture et de viol» perpétrés par des policiers contre des sahraouis po-polisario interviennent dans un contexte de pressions exercés par des ONG internationales sur le Maroc, comme HRW, le centre Robert Kennedy, Front Line ou encore des organismes affiliés à l'ONU tels le Haut commissariat des droit de l'homme, le rapporteur spécial sur la torture où suite aux recommandations du parlement européen à ce sujet. Au moment des manifestations, en mai dernier, le ministre de l'Intérieur Mohand Laenser avait affirmé devant le Parlement que les forces de l'ordre avaient respecté la loi, malgré les vidéos diffusées sur internet et montrant l'intervention brutale des policiers. Mohand Laenser expliquait notamment qu'un "plan de provocation des éléments de maintien de l'ordre" avait été organisé et "financé par des milieux étrangers à travers le polisario".